Et si, au fond, il était possible d'être différent ? De l'être sans honte, sans colère contre soi-même, sans volonté de vouloir se détruire parce qu'on a l'impression de ne pas correspondre à ce qu'on doit être ?
Max, surnommé "Bouboule", débarque en Belgique suite au divorce de ses parents. Son père lui manque et il est en conflit permanent avec sa mère qui rentre tard et le charge tout le temps de s'occuper de son petit frère Elliot.
"Gros et gay. Un vrai duo gagnant."
Olivia, d'origine congolaise, vit chez son oncle et sa tante depuis le décès de ses parents. Elle s'investit énormément dans le milieu associatif et se montre très présente sur les réseaux sociaux. Elle envisage même de rejoindre une chaîne YouTube, "Les Trois Grâces".
"Eh ouais, ma chérie, en plus d'être Noire, t'es grosse."
Olivia et Max ont un point commun : leur surpoids. Et on le leur fait bien payer...
Mon avis :
Quand d'une horrible situation de harcèlement naît une belle amitié.
Propos racistes, homophobes, liés à leur obésité : Olive et Bouboule subissent des agressions verbales au quotidien... La jeune fille surtout, qui ose afficher ses rondeurs sur les réseaux sociaux tels que Instagram et YouTube, croule sous les commentaires et SMS haineux. Mais c'est le jour où elle se fait physiquement agresser par un parfait inconnu que tout bascule : "Encore un qui n'a jamais été dans ma peau. Qui ignore l'impact des mots, des regards". Son récit exprime bien "la tactique du harcèlement : faire perdre tous ses repères à la victime jusqu'à ce qu'elle soit paralysée par la peur, la honte. La culpabilité de se trouver si faible, elle qui se pensait si forte".
A la différence d'Olivia, Max n'assume pas du tout son physique et encore moins son homosexualité dont il n'ose parler à personne, d'autant plus que la situation familiale est tendue. C'est grâce à son petit frère Elliot qu'il va faire la connaissance d'Olive au Dépôt, l'association LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et trans) dont elle fait partie. Entre eux deux, c'est le coup de foudre amical, un "sentiment de reconnaissance, de compréhension mutuelle". Aux côtés d'Olivia et de ses amis, Bouboule va apprendre à se battre, dans un "bel esprit de solidarité". Pour Olivia, recueillie par son oncle et sa tante suite au décès de sa mère, l'association est un second foyer où elle trouve tout le soutien et la bienveillance qu'elle n'a pas à la maison. Ébranlée par tous ces gens qui lui refusent le droit de parler beauté sous prétexte qu'elle n'a pas un physique standard, Olive en a "marre de devoir toujours me battre contre l'étroitesse d'esprit, contre la haine aveugle, contre la bêtise humaine". Cependant elle trouvera la force, "le courage, en dépit de ce que tu as subi, d'affirmer que tu existes" en utilisant les mots comme arme sur le propre terrain de ses ennemis.
Car là est bien l'enjeu : "Me sentir beau tel que j'étais". C'est le premier pas indispensable vers les autres : "Pourquoi est-ce que les autres m'aimeraient si moi, je ne m'aime pas ?", comprend finalement Max. Un gros travail sur soi qui débloquera bien des choses, même si les imbéciles existeront toujours. Toute la différence consiste à s'affirmer au lieu de s'effacer : oui "J'ai le droit d'exister. Tel(le) que je suis."
Patricia Deschamps, décembre 2017