La lumière dans les combles

roman de Sharon CAMERON

Le monde est beau, mais les hommes le rendent laid.

Gallimard jeunesse, 2021, 485 p.
Gallimard jeunesse, 2021, 485 p.

Pologne, 1936. Stefania, 13 ans, part à la ville de Przemysl où elle trouve du travail dans la boutique de Leah et Izaac Diamant. Elle est rapidement adoptée par toute la famille et tombe amoureuse de l'un des fils, Izio.

Mais en 1939, l'Allemagne envahit le pays et les nazis ne tardent pas à mettre en place toutes sortes d'interdits concernant les juifs. La Gestapo fait fermer les boutiques, réquisitionne les biens et en 1942, les Diamant sont enfermés dans le ghetto de la ville. Stefania, catholique, se retrouve seule dans l'appartement.

Elle décide de s'organiser pour apporter de la nourriture aux Diamant dans le ghetto, au péril de sa vie.

Mon avis :

Stefania et Helena vers la fin des années 1940. (p.479)
Stefania et Helena vers la fin des années 1940. (p.479)

Inspiré d'une histoire vraie, ce roman raconte la courageuse détermination d'une adolescente polonaise à venir en aide à ses amis juifs, bien qu'elle encourt la mort. Le récit s'étale sur toute la durée de la guerre, depuis les premiers bombardements en septembre 1939 jusqu'à la libération du pays par les Russes en juillet 1944.

J'ai déjà beaucoup lu sur la Seconde Guerre mondiale et pourtant j'ai été captivée. Peut-être parce que l'autrice a su reconstituer les faits sans s'y attarder plus que nécessaire (les lois nazies, la déchéance des juifs, la vie dans le ghetto...), qu'elle a su apporter un angle nouveau (le point de vue de celle qui aide, et non de ceux qui sont enfermés), qu'elle a dépeint les sentiments avec beaucoup de justesse.

 

L'héroïne, Fusia, est traversée de toutes sortes d'émotions: l'injustice, le poids des responsabilités ("Prendre ces décisions à 16 ans!"), la colère et surtout la peur, qui ne la quitte jamais. Elle use de toutes sortes de subterfuges pour se procurer de la nourriture, l'apporter en douce à sa famille adoptive dans le ghetto, pour échapper aux policiers (polonais et nazis). Il faut se faire des papiers allemands, trouver du travail, s'occuper de sa petite sœur Helena. Celle-ci est incroyable du haut de ses six ans, à la fois courageuse et maligne.

 

Au départ, Fusia aide la famille Diamant et de fil en aiguille, va se retrouver à prendre en charge les amis des amis... Elle aura jusqu'à treize juifs cachés chez elle! Il faudra trouver un nouveau logement, s'organiser en toute discrétion car les voisins ont la délation prompte ("Depuis que l'armée allemande était là, on aurait dit que n'importe qui était capable de n'importe quoi")... Chaque fois que quelqu'un débarque à l'improviste chez Fusia, on tremble avec elle! Et puis les juifs entassés, affamés, alarmés, "passent leur temps à se disputer".

Les phases de découragement s'intensifient avec le temps, mais il y a aussi quelques bons moments ensemble, et l'espoir que l'avancée russe les libère.

 

Après ce long et terrible combat, au jour le jour, pour survivre, il faudra réapprendre à vivre ("La vie a recommencé") en s'accrochant à ce mantra: "Nous sommes vivants". Une note de l'autrice, illustrée d'authentiques photos des principaux protagonistes, explique ce que sont devenues par la suite Stefania et Helena, nommées "Justes parmi les Nations" pour leur héroïsme, ainsi que la genèse de ce formidable témoignage.

Patricia Deschamps, avril 2021


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