La grande môme

roman de Jérôme LEROY

Syros, 2013, 144 p. (Rat noir)
Syros, 2013, 144 p. (Rat noir)

Comment réagir quand on apprend à quinze ans que toute sa vie est une couverture, à commencer par son propre nom ? La mère d'Emilie a composé pendant vingt ans, pour elle et sa fille, une vie de fausses identités, de déménagements soudains et de fuites nocturnes. C'était le prix à payer pour avoir fait partie d'un groupe révolutionnaire armé au début des années 80, le prix pour ses engagements d'alors. Arrêtée à quelques mois de la prescription de tous ses crimes, elle est incarcérée dans une prison de haute sécurité. Emilie Ambricourt, ex-Dora Suarez, emménage chez ses grands-parents, un couple de la bourgeoisie rouennaise...

L'avis de Catherine, prof doc :

Un roman court mais puissant dans le sens où il propose de nombreuses pistes de réflexions.

Plus qu'un polar, je vois ce roman davantage comme une longue confession, celle d'Emilie, 15 ans qui a découvert il y a quelques mois, de façon violente, sa vie en clandestinité à son insu suite au passé de terroriste de sa mère. Emilie vient de retrouver sa vraie identité, son vrai nom, une famille. Cependant elle est perdue et tente de comprendre en remontant son passé et ses maigres souvenirs.

L'écriture efficace mais non moins poétique de Jérôme Leroy permet en quelques pages de sympathiser avec cette jeune fille qui se raconte à la première personne. Je n'ai eu alors de cesse d'en savoir plus, de comprendre moi aussi comment elle avait pu vivre ainsi, et comment tout cela s'était soudain achevé.

L'auteur ne se pose jamais en juge, il préfère livrer divers points de vue selon les personnages, quand bien même ces points de vue diffèrent et s'opposent.

La question du terrorisme se pose, celui de la prescription, du rachat de ses erreurs du passé, la clandestinité, mais aussi la question de l'abus de pouvoir et des violences policières.

Plus prégnante encore, la question de l'identité : quand du jour au lendemain on s'aperçoit que l'on a vécu un grand et long mensonge jusqu'à ne pas connaître son véritable nom ni prénom, comment se reconstruire ?

En à peine plus de cent pages, Jérôme Leroy nous bouleverse d'émotions multiples tout en nous offrant sa ville natale de Rouen comme cadre sublime à cette intrigue.

Un très bon roman, un excellent écrivain !

Avril 2020

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