Ce ne sont pas les hymnes nationaux qui rassemblent les foules, mais les concerts de rock.
Annabelle est en 3e. Dans sa classe, les tensions entre élèves sont devenues insupportables et certains se sont encore faits renvoyer du cours de français. Annabelle fait partie de ceux qui ont protesté ouvertement contre les "parasites" : à la maison, la situation est déjà suffisamment difficile... Et puis sa relation avec Sébastien le BG ne lui convient plus.
Mais Annabelle n'est pas la seule dans la classe à en avoir assez : en cette veille caniculaire de long weekend de Pentecôte, ils sont plusieurs à partir à la dérive... Et c'est au concert du groupe de Marion, auxquels tous se retrouvent, que la colère et la haine trop longtemps contenues vont exploser en un terrible impact...
Mon avis :
Une tranche de vie collégienne pas très gaie...
Tout commence en classe, du point de vue de la jeune prof de français Isabelle Etcheverry en conflit avec trois ados qui se font régulièrement sanctionner pour leur comportement : il y a Fabien Devanne l'arrogant, qui se croit tout permis grâce au pouvoir et à l'argent de son père (adjoint au maire) ; son copain Thierry qui obéit dans l'ombre ; et face à eux Mokhtar le gars de la cité qui n'a pas la langue dans sa poche. Un trio explosif ! D'autant plus que l'enseignante a ses propres soucis personnels... On a droit à une longue scène de réprimande virant au conflit comme on en voit si souvent au collège. Ensuite on bascule du point de vue d'Annabelle la déprimée (suicidaire ?) qui doit gérer un père en prison, une mère dépressive ("Une fille de quinze ans a besoin de pouvoir déposer ses problèmes, ses doutes et ses orages aux pieds de sa mère. Cela m'était interdit depuis des mois"), ainsi qu'un petit ami macho "à l'égo surdimensionné", Sébastien. Entre deux, les extraits d'un jeune qui vient de se faire tabasser (par qui ? pourquoi ?). Tout ça est bien pesant... Le roman est un condensé d'intolérance et de manque de respect, d'esclandres et de tensions, de "menace constante que vous faites peser sur vos camarades" et de dialogues de sourds. Le récit est lent à se mettre en place et j'ai parfois été gênée par le style de l'auteur, que j'ai trouvé peu naturel. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, un peu trop caricaturaux peut-être. Dans ce climat très pessimiste, seule Fatou, la meilleure amie d'Annabelle, semble avoir "cette capacité à être heureuse, juste parce qu'elle a décidé de l'être".
Heureusement le drame final, vers lequel converge chacun des protagonistes, déclenchera l'espoir qu'une autre vie, plus heureuse, est possible. Il y a des victimes, certes, mais certain(e)s s'en sortiront avec le temps, les coupables seront sanctionnés par la justice, la mère d'Annabelle a fait un premier pas vers sa fille, et Fatou repart au bras de son amoureux. Mais tout cela est trop fragile pour qu'on y croit vraiment...
Patricia Deschamps, décembre 2016