Pour le meilleur et pour le pire. Jusqu'à ce que l'aube nous sépare.
Margo Roth Spiegelman, le nom aux six syllabes qui fait fantasmer Quentin depuis toujours. Alors forcément, quand elle s'introduit dans sa chambre, une nuit, par la fenêtre ouverte, pour l'entraîner dans une expédition vengeresse, il la suit.
Mais au lendemain de leur folle nuit blanche, Margo n'apparaît pas au lycée, elle a disparu. Quentin saura-t-il décrypter les indices qu'elle lui a laissés pour la retrouver ? Plus il s'en rapproche, plus Margo semble lui échapper...
Texte : 4e de couverture
Mon avis :
Un roman sentimental qui se lit comme une enquête.
Fou amoureux de sa voisine Margo depuis tout petit, Quentin est littéralement fasciné par la jeune fille (sans que cela soit réciproque). Pour autant, l'aventure dans laquelle il s'embarque va lui faire réaliser que "je ne connaissais pas Margo". Tout commence avec cette folle nuit où l'adolescente révèle "un talent fou pour la vengeance" que Quentin n'aurait jamais soupçonné. En effet, malgré sa popularité, Margo cache une indifférence voire un rejet de ses soi-disant ami(e)s avec qui en réalité elle ne se trouve aucun point commun : ce ne sont que "des jeunes de papier se livrant à des plaisirs de papier".
C'est aussi parce que ces révélations dépressives lui font craindre un suicide que Quentin se lance sur les traces de sa muse - "Je parle des indices, qui confèrent à son entreprise plus de mystère encore". Aidé de ses copains Ben et Radar, il traque le moindre message, la moindre "anomalie" dans le quotidien de la jeune fille qu'il connaît si bien : "Elle adore les drames. Elle veut qu'on s'intéresse à elle". Les supputations vont bon train dans la bande (d'autres proches de Margo s'inquiètent également), mais "le truc avec ce jeu, c'est qu'au final, il en révèle bien plus sur la personne qui imagine que sur celle à propos de laquelle on gamberge"... L'adolescente reste insaisissable, or le temps est compté car elle se déplace constamment, et puis la fin d'année scolaire arrive, la fin de la période lycée pour ces élèves de Terminale un peu nostalgiques qui ont envie de vivre leurs derniers moments forts ensemble : "Le dernier jour, les mauvais souvenirs s'estompent, car bon an mal an, elle s'était fait une vie ici, comme moi".
La dernière partie est un long et enjoué road trip sur les autoroutes américaines mais Margo est bel et bien "à mille lieues de toutes ces conneries", la superficialité de la vie, des attentes sociétales, et la fracture est définitivement marquée. Pour Quentin, "la ville était de papier, mais pas les souvenirs. Tout ce que j'avais accompli ici, l'amour, la pitié, la compassion, la violence, la méchanceté, tout continuait de couler en moi". Ainsi, "il arrive parfois que l'idée qu'on se fait des gens ne corresponde pas forcément à ce qu'ils sont réellement". John Green aime mettre en scène des adolescents à l'aube de leurs choix d'adultes, ceux qui détermineront l'orientation de leur vie. Libre alors au lecteur d'imaginer un futur (ou pas) au jeune duo...
Patricia Deschamps, juillet 2017
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