- On ne juge pas les gens sur leur famille, vous êtes bien placé pour le savoir, non ?
Nobi nobi !, 2017, 192 p. (Disney manga)
Belle est une jeune fille rêveuse et romantique, qui passe ses journées plongée dans ses livres. Pour sauver son père, prisonnier dans un château dont le maître des lieux est une bête gigantesque et terrifiante, Belle renonce à sa liberté et consent à prendre sa place. Peu à peu, elle découvre l'âme sensible de la Bête...
Mon avis :
Un manga double, version Disney du célèbre conte de Madame Leprince de Beaumont.
J'ai trouvé Le destin de Belle fade et ennuyeux. Les sentiments semblent superficiels et les propos manquent de subtilité : trop souvent, le texte dit ce que les images devraient être en mesure d'exprimer seules. Par ailleurs on s'éloigne beaucoup de l'histoire d'origine : Belle est fille unique, elle est considérée comme une "fille bizarre" par les habitants du village parce qu'elle se réfugie souvent dans la lecture et l'imagination, et elle est courtisée par un certain Gaston, très jaloux. Un mystère entoure la mort de sa mère mais à part ça, rien de bien captivant.
Le destin de la Bête apporte au contraire le point de vue pertinent et nouveau du prince. Il débute avec son attitude odieuse qui a conduit à la malédiction et la scène de la métamorphose est très réussie. De manière générale, ce tome-ci est plus recherché graphiquement (j'ai beaucoup aimé le château sous la neige), y compris dans les expressions du visage, et la construction des vignettes est plus dynamique. La souffrance du personnage est bien rendue et les domestiques, transformés en objets animés (théière, candélabre, pendule), ont un véritable rôle : non seulement ils jouent les entremetteurs entre Belle et leur maître, mais ils contribuent aussi pleinement à sa remise en question.
Peu à peu, la Bête réalise qu'il a des points communs avec la jeune fille : tous deux ont perdu leur mère, se sentent à l'écart des autres et surtout ont "très mauvais caractère"! C'est ce qui impressionne le plus le prince au départ, cette façon que Belle a de lui tenir tête malgré sa peur, ainsi que son amour pour son père qui la pousse à se sacrifier. A son contact, la Bête a "la sensation que je peux changer et, surtout, elle me donne envie d'essayer". De son côté, Belle va apprendre à aller au-delà des apparences car "ce n'est pas en me regardant que tu sauras qui je suis".
Comme on le sait le prince deviendra finalement "un homme qui a appris de ses erreurs" et tout se termine par quelques phrases un peu mièvres et passe-partout dont on aurait pu se passer !
Patricia Deschamps, janvier 2018