L'été des pas perdus

roman de Rachel HAUSFATER

Quatre-vingts ou dix ans, c'est pareil. On reste toujours l'enfant qu'on a été.

Flammarion, 2015, 112 p. (Tribal)
Flammarion, 2015, 112 p. (Tribal)

 

Tandis que son père profite de ses vacances avec sa dernière conquête en date, Madeleine se voit contrainte de passer le mois de juillet avec son grand-père.

 

L'adolescente l'adore, mais depuis quelques temps, il perd un peu la mémoire et semble revivre sa jeunesse, confondant parfois sa petite-fille avec sa propre sœur qui portait le même prénom.

 

La jeune fille, sachant qu'il est malade, décide de repartir avec lui dans son village natal de Normandie, sur les traces de son passé.

Mon avis :

Le récit émouvant d'une fillette confrontée à la maladie d'Alzheimer.

Madeleine aura grandi très vite le temps d'un été. Entre une mère indifférente et un père (physiquement) absent, "si loin de mes problèmes qui devraient être les siens", la voilà responsable de son grand-père "de plus en plus absent" (mentalement). Certes elle a de la maturité, mais la "pauvre malheureuse" a le sentiment, à juste titre, que les rôles sont inversés ! D'autant plus que Gramps, dans sa confusion, la prend parfois pour sa grande sœur et dans ces moments-là, c'est d'un petit garçon dont elle se retrouve chargée !

 

Le roman montre bien les effets de la maladie. "On dirait qu'il s'est dédoublé", remarque Madeleine, déstabilisée par le regard flou et les propos incohérents de Gramps : "Je ne le reconnais pas quand il ne me reconnaît pas". Impression d'autant plus douloureuse que la petite fille est très proche de son grand-père. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle s'accroche à sa mission : prendre soin de lui afin de l'aider à traverser ses crises du mieux possible. Durant celles-ci, Gramps fait des "cahots et sauts dans le temps" qui le propulsent dans la ferme familiale, en Normandie. En point d'orgue, un événement qui l'a profondément marqué : le Débarquement de juin 1944.

 

Si dans un premier temps Madeleine s'évertue (en vain) à le ramener à la raison, elle comprend qu'entre "vivre dans son cher passé ou dans ce pauvre présent", le choix est vite fait ! Elle entreprend alors, à la demande de son grand-père, un ultime périple "juste pour revoir les lieux et t'offrir mes souvenirs. Je ne veux pas qu'ils disparaissent avec moi". Ces derniers moments passés ensemble seront à la fois épuisants et touchants mais quoi qu'il en soit, indélébiles.

Si le style de l'auteur, riche en jeux de mots et de sonorités, a parfois gêné ma lecture, ce petit roman permet d'aborder un sujet délicat avec beaucoup de tendresse.

Patricia Deschamps, octobre 2017


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