Seul dans son triste enclos du zoo depuis que son amie la louve est morte, Loup
Bleu va et vient le long du grillage. Intrigué, il regarde de son unique œil ce garçon qui l’observe, immobile, à longueur de journée. Comme le garçon
n’a pas l’air de vouloir s’en aller, le loup finit par s’asseoir bien droit, juste en face de lui, et plante son regard dans le sien. Pour mettre le loup en confiance, le garçon ferme un œil. Et les voilà maintenant qui se regardent œil dans l’œi, chacun y
découvrant la vie de l'autre.
Mon avis :
Un incontournable de la littérature jeunesse !
On découvre parallèlement l'incroyable aventure de chacun des deux personnages, le loup et l'enfant, qui, bien que tout les oppose (l'un vient du froid, l'autre du désert), vont finir par se lier d'amitié. Il faut dire qu'ils ont en commun le fait d'avoir tous deux connu la cruauté de l'homme, qu'ils ont dû fuir.
Un joli roman initiatique à la fin poétique.
Patricia Deschamps, janvier 2007
♦ L'adaptation BD de Mathieu Sapin
Je ne suis pas fan du graphisme mais la plume de Daniel Pennac fait vite oublier le dessin. Dès le départ l'accent est mis sur la condition des animaux au zoo (comme dans Ma gorille et moi de Myriam Gallot): Loup Bleu tourne en rond dans "son enclos vide", "son enclos triste" et il a perdu son œil "le jour de sa capture"... J'aime beaucoup la partie consacrée à son enfance en Alaska, même s'il faut constamment "fuir devant les bandes de chasseurs". Quant à Paillette, la louve à la fourrure d'or... éteinte, elle donne au récit un côté poétique ("On dit qu'elle porte le deuil de son frère").
Dans la partie consacrée au petit garçon, on apprend que Afrique, à la fois berger et conteur, a toujours su parler aux animaux (son premier ami est un dromadaire surnommé Casseroles) et même s'associer avec eux dans un intérêt commun (comme avec le guépard). C'est plutôt le thème de la déforestation qui est abordé ici ("Il n'y a pas si longtemps, la forêt s'étendait jusqu'à l'horizon").
Le retour au zoo (et à tous ses occupants malgré eux, animaux comme humains...) est choquant. Les pièces du puzzle s'imbriquent et, même si Afrique redonne envie à Loup Bleu de croire en la bonté de l'homme, cela reste une histoire bien triste.
Petit bonus sympathique: "Les coulisses de l'album" expliquant le travail des deux auteurs pour adapter le roman.
Patricia Deschamps, octobre 2024