L'histoire vraie de Roger Godfrin, seul enfant à avoir survécu
au massacre d'Oradour-sur-Glane pendant la Seconde Guerre mondiale.
Novembre 1940.
Les Allemands ont repris et annexé la Moselle. Comme tous ceux du petit village de Charly, la famille de Roger, 4 ans, est expulsée et envoyée à Oradour-sur-Glane près de Limoges.
Peu à peu la vie reprend, entre école, corvées quotidiennes et parties de pêche. Jusqu'à ce fameux samedi 10 juin 1944.
Ce jour-là, Roger, comme les 191 enfants des quatre écoles de la commune, est obligé de retourner en classe pour la visite médicale annuelle. Une fois arrivé, il aperçoit les SS allemands entrer dans le village et demander le rassemblement des habitants sur le champ de foire. Écoutant son instinct, le petit garçon refuse de suivre son maître et s'enfuit vers la Glane.
Mon avis :
Voilà un moment que j'envisage de visiter le village-martyr d'Oradour, alors quand j'ai vu que, de plus, j'avais déjà apprécié un autre roman du même auteur, je me suis précipitée sur ce témoignage! La première partie nous plonge dans la vie quotidienne d'un petit village des années 1940, encore préservé de l'invasion nazie. Et puis Roger est tout jeune alors la guerre doit lui sembler lointaine. On partage avec lui le plaisir désuet de fabriquer sa propre canne à partir d'une pousse de châtaignier, ou encore de "faire chabrot" en versant un peu de vin rouge dans la soupe ! C'est sympathique et rafraîchissant.
Et puis nous voici au cœur du drame ce fameux 10 juin 1944, avec les soldats allemands qui traversent le village, les fouilles (ils cherchent soi-disant des armes cachées par les maquisards), les coups de feu, la peur. "Roger se fie à son instinct, à cette petite voix intérieure qui lui dit de fuir, de courir le plus vite et le plus loin possible"", et c'est ce qui le sauvera. Deux passages sont particulièrement chargés d'émotion : l'explosion dans l'église et le chien criblé de balles... On partage la souffrance du petit garçon "perdu dans son chagrin et son désespoir", d'autant plus lorsqu'il réalise l'étendue de "tous ceux qu'il ne reverra plus".
Le récit est complété par un cahier documentaire clair et concis qui apporte des précisions sur le massacre (j'ai notamment appris que les SS avaient pour habitude de se venger de chaque action des maquisards en s'en prenant aux civils) et explique ce qu'est devenu Roger par la suite. Un musée-mémorial a été construit tout près du village-martyr (conservé en l'état) et mène à la visite de ce dernier.
Patricia Deschamps, juillet 2019