L'aigle à deux têtes

EAGLE et ADLER, deux séries jumelles,

deux points de vue de pilotes sur la Seconde Guerre mondiale. 

L'avis de Michaël, 16 ans :

Eagle, l'aigle à deux têtes, tome 1 : La naissance de l'aiglon

scénario de WALLACE, dessin-couleur de Julien CAMP

- La gloire est souvent éphémère, la chute, elle, semble inévitable un jour ou l'autre... Elle ne sert qu'à fabriquer des héros pour le peuple et à servir les intérêts de nos politiques.

Zéphyr, 2017, 48 p.
Zéphyr, 2017, 48 p.

 

James O’Brady est le fils d’un héros de la Grande Guerre qui a fait fortune dans l’industrie métallurgique au début des années vingt, et qui espère bien que son fils lui succède à la tête de sa société.

 

Embrassant une carrière politique, le père de James est nommé ambassadeur à Berlin par Roosevelt. Son fils sera du voyage : il compte l’initier aux dessous de la géopolitique. Mais James n'adhère pas vraiment à l'idéologie qui émerge dans cette Allemagne du milieu des années trente....

 

 

Mon avis :

L'intrigue manque quelque peu d'originalité mais elle est servie par un scénario rythmé et un dessin filmique.

"Vous êtes tellement aveuglés par votre quête du pouvoir que vous n'avez jamais pris la peine de savoir ce qu'on pouvait désirer dans la vie" : si James et son cousin Joe (dont le père co-dirige la O'Brady Company) ont des caractères radicalement opposés, ils ont ceci en commun de subir la pression familiale. James est "le sérieux" avec ses "leçons de morale", le fils brillant et obéissant à qui tout réussit. Jusqu'à ce que son père l'emmène à Berlin...

 

Les emblèmes nazis sont partout, drapeaux et croix gammées menaçants, propos racistes (de la petite amie) puis agression antisémite (dans la rue) envers un gamin ("sale youpin !"). Quant aux JO (de 1936), ils se révèlent truqués pour garantir la victoire allemande... Car c'est bien de ça dont il s'agit : "Tu ne dois pas contrarier mon ami Hermann [Göring]"... "La loi, ici, c'est nous!". Père et fils représentent deux camps différents : le complice (avide de pouvoir) et le révolté ("Tu défends une dictature qui bafoue toutes les règles de démocratie !"). La position du père est d'autant plus étonnante qu'il "les a combattus autrefois".

 

Les épisodes s'enchaînent et les années défilent. On apprécie la qualité des illustrations, notamment les décors quasi photographiques. Devenu pilote, James n'est pas étonné de la débandade franco-anglaise : "J'ai pu observer la ferveur d'un peuple derrière son Führer. Et ils possèdent une industrie puissante" (merci l'acier de papa). La toute fin est suffisamment intrigante pour donner envie de connaître la suite, malgré une histoire un peu plate.

Patricia Deschamps, avril 2018

Adler, l'aigle à deux têtes, tome 1 : Le choix du mensonge

scénario de Patrice BUENDIA, dessin-couleur de Damien ANDRIEU

- Tu n'as pas compris, maman. Que tu le veuilles ou non, que tu sois capable de m'aider ou pas, je deviendrai pilote.

 

Hans Raeder a perdu son père et son jeune frère en 1918. Face à la douleur, comme son pays, il se réfugie dans la fiction qu’il consomme et qu’il construit. Dans cette Allemagne qui se nourrit de mythes et de mises en scène, Hans est prêt à tout pour devenir le personnage qu’il admire : le pilote de chasse. Quitte à se transformer en ce que l’Allemagne produit de pire... 

 

"The sky awaits me."

 

(4e de couverture)

Mon avis : 

Changement de duo scénariste/illustrateur pour cette version de la série côté allemand. Le graphisme est plus classique, plus sobre (à l'image de l'origine modeste du héros) et en même temps j'ai trouvé celui-ci plus touchant. Le jeune Hans passe son temps à affabuler (sur le rôle de son père dans la Grande Guerre, sur la mort de son petit frère...) mais c'est pour mieux supporter son triste quotidien (sa mère et lui vivent dans une grande pauvreté) : il s'agit de "mettre la réalité entre parenthèses", voire de faire "un peu de mise en scène pour rendre la vie plus belle". En effet, quand "la réalité ne te plaît pas, alors tu la plies à ta volonté"...

 

Mais pour réaliser son rêve de devenir pilote, Hans va peu à peu renier ce qu'il est et trahir ses proches, notamment "ses amis au nez crochu". Il devient arrogant ("Tu te crois tout permis, hein ?"), mégalomane, et affiche un antisémitisme répugnant ("mon fils, ma honte"). L'album se clôt sur une belle scène de combat aérien (j'adore la vignette où l'avion est foudroyé) et la fin confirme la mystérieuse malédiction liée à l'étrange objet qui avait tant fasciné James au musée...

 

Patricia Deschamps, avril 2018


Eagle, tome 2 : Double jeu

Zéphyr, 2018, 48 p.
Zéphyr, 2018, 48 p.

 

Fin 1942 : James O'Brady, pilote de bombardier américain, se réveille en étant persuadé être en fait Hans Raeder, un pilote de chasse allemand. Le jeune homme, livré à lui-même au cœur d'un environnement qui lui paraît hostile, va tenter de comprendre s'il est devenu fou ou s'il est la victime d'une malédiction.

 

Un séjour aux Etats-Unis va lui apporter des éléments de réponse mais il est transféré subitement en Afrique du Nord où l'attend une nouvelle surprise...

Adler, tome 2 : Le choix du mal

Zéphyr, 2018, 48 p.
Zéphyr, 2018, 48 p.

 

 

Hans Raeder se réveille dans un hôpital du Reich en France. Rien d'inhabituel après un accident. Le problème, c'est qu'il est persuadé d'être James O'Brady, pilote américain. Comme il lui est impossible de le dire aux gens qui l'entourent, et en particulier à Théo, ce jeune pilote qui l'admire, Hans va devoir enquêter sur lui-même pour comprendre qui il est.

L'avis de Michaël, 17 ans :

Ce n'est pas une série exceptionnelle, j'ai déjà lu mieux sur le thème, mais cela m'a tout de même fait plaisir de lire les tomes 2 parce que j'avais envie de connaître la suite de l'aventure après la fin palpitante du tome 1 ! J'ai beaucoup apprécié la qualité des illustrations. Parfois il y a peu de texte, notamment dans les scènes d'action, et c'est très bien car on peut se focaliser sur les dessins, particulièrement réussis quand les pilotes sont dans les avions. Par contre le scénario est un peu répétitif entre la version Adler et la version Eagle et du coup la lecture du second livre semble moins intéressante. Je conseille de commencer par Adler, l'auteur explique bien tout le mal que l'Américain a à entrer dans le corps et l'esprit de l'Allemand, alors que dans Eagle c'est plus survolé. Je lirai malgré tout les tomes 3, dans lesquels on suppose que les héros vont se rencontrer, mais il ne faudrait pas que la série se poursuive trop longtemps !

Octobre 2018

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