Entrepreneur entertainer : le rêve américain.
2050. L'Afrique, continent prison gardé par des drones, est devenue le dépotoir des déchets industriels occidentaux, et le lieu où l'on parachute les condamnés à mort américains.
Tony Belluin est l'un de ces condamnés à mort, directeur d'un parc d'attractions célèbre, "Africaland", injustement accusé de terrorisme. Sauvé de la mort par Jean-Baptiste, membre d'un réseau de résistants, il accompagne celui-ci au cœur de la jungle.
Pendant ce temps, la fille de Tony, Joannie, découvre la preuve qu'il n'est pas mort, puis la trace des auteurs du complot dirigé contre son père...
Texte : 4e de couverture
Mon avis :
Un thriller politico-écologique servi par une écriture nerveuse.
Le récit, qui alterne les points de vue de Tony et de Joannie (secondée par son amie Séréna), propose une intrigue assez dense, dont les enjeux ne sont pas toujours clairs mais qui fait la part belle à l'action. Parachuté au Congo "dans une des zones de pollution maximale", Tony prend conscience de ce que les occidentaux comme lui ont fait de l'Afrique : "On leur a vendu la transformation d'un continent en poubelle contre la promesse d'un air pur mais ça a foiré dans les grandes largeurs". Le projet n'a en effet pas empêché des pays comme les Etats-Unis de connaître des pics de pollution tels qu'il faut porter un masque certains jours (quand on en a les moyens)... En attendant, les Africains vivent sans eau potable, obligés de consommer l'eau polluée des rivières, ce qui entraîne de nombreuses malformations et autres maladies mortelles. Ajoutez la présence de drones et l'existence d'hommes "vampires" se nourrissant de sang pur, et vous obtenez une ambiance quelque peu oppressante !
Aux côtés de Jean-Baptiste et des autres résistants du réseau Mandela, Tony comprend sa part de responsabilité dans l'exploitation de l'Afrique, lui qui a créé (contre l'avis de sa femme, elle-même d'origine africaine) un parc d'attraction très lucratif entièrement consacré au continent, poussé par l'ambition, par "ce besoin de prouver au monde qu'il était quelqu'un. Le petit frenchie qui veut être plus américain que les Américains". Mais là, c'est dans la vraie jungle qu'il se retrouve largué ! Une Afrique qui malgré tout, a conservé une part de magie et surtout de sagesse, transmise dans un mélange de passion et de hargne par ceux qui l'habitent: "Cette forêt est née à l'aube du monde, et si tu lis la forêt, alors tu lis les hommes". Tony découvre une Afrique "plus belle que dans ses rêves d'avant" - ceux qui ont servi de modèles aux simulations de son parc - et réalise que "les Blancs se sont éloignés du monde à trop vouloir le dominer".
De son côté, Joannie, à la recherche de son père envers et contre tous, se trouve propulsée dans "tous ces jeux d'adultes autour du pouvoir et de la richesse" qui l’écœurent tant. Avec Séréna la geek, elle s'acharne à découvrir ce qui s'est passé le jour où son père a ouvert la fameuse porte dissimulée dans "Africaland". Qu'a-t-il vu de compromettant ? Une enquête périlleuse qui la mène à une histoire d'immortalité ouvrant une nouvelle direction dans ce roman donnant au final l'impression de partir dans tous les sens malgré sa qualité indéniable. Le dénouement laisse un peu perplexe, les coupables capitulant sans réelle résistance. Et l'on s'interroge sur la pertinence de certains personnages secondaires comme Ethan, que l'on abandonne dans sa cachette sans véritablement comprendre son rôle.
Exploitation de l'Afrique, pollution, recherche de l'immortalité, pouvoir des médias (cette "meute de faiseurs d'images et de héros d'un jour"), ce roman évoque des thématiques réflexives séduisantes à travers une intrigue riche en action. Cependant cette densité de l'intrigue, un certain manque d'attachement aux personnages et la facilité du dénouement font que cette histoire est vite oubliée.
Patricia Deschamps, août 2016