Demain, c'est fini !
Demain, ça commence !
Demain, c'est la rentrée !
Demain, j'entre en sixième.
Je ne crois pas que j'aie envie d'être demain...
"Moi, c'est Guillaume Planchet, élève de sixième 4. Dès le début, tout s'est ligué contre moi. Mon rêve était de ne pas me faire remarquer, d'avoir la couleur des murs ou mieux, la couleur des radiateurs, de m'y coller et d'y attendre la fin de l'année.
Maintenant c'est raté ! Avec l'histoire de la colle le jour de la rentrée et depuis ce fameux deuxième jour où je me suis fait remarquer avec mon arc, je suis mondialement connu dans les couloirs du collège.
Et surtout, j'ai reçu dans mon carnet le premier mot d'une longue, trop longue série..."
Mon avis :
Les mésaventures désopilantes d'un petit garçon qui n'aime pas l'école (et vice-versa).
"La rentrée des classes, c'est comme un vaccin qui durerait dix mois !" : avec cette réplique d'entrée de jeu, tout est dit ! D'un autre côté, le pauvre Guillaume n'a pas de chance. D'une part, il se farcit une sacrée brochette d'enseignants : il y a les sadiques, les illuminés, les soporifiques... La palme d'or revenant à sa prof principale, Mme Trévidic et son "entier dévouement orthographique" ainsi que "sa passion du subjonctif" dans le but de "le sauver d'un naufrage grammatical pourtant presque certain" !..
D'autre part, notre piteux héros joue souvent de malchance. Maladroit, il a l'art de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, et surtout, avouons-le, il est un peu le bouc émissaire de l'équipe enseignante, même s'il ne fait pas toujours les efforts nécessaires pour sortir de ce rôle (comme faire ses exercices et apprendre ses leçons...) : dans ses copies, "il y a beaucoup plus d'imagination que de connaissances" (extraits à l'appui !). Les chapitres se clôturent souvent par une page de son carnet de correspondance où l'on assiste à l'échange, jubilatoire, entre ses enseignants et ses parents. L'intrigue est un peu longue à démarrer, les premiers chapitres n'étant qu'une succession de saynètes donnant lieu à des punitions et autres heures de colle : "C'est gai l'automne, les arbres perdent leurs feuilles, mes copies perdent leurs points, mes parents perdent patience (...)". Par ailleurs le style, avec ses phrases longues, son vocabulaire parfois soutenu et son humour souvent au second degré, peut freiner un petit lecteur : on est davantage dans l'esprit du Petit Nicolas que dans le Journal d'un dégonflé.
Et puis arrive un tournant dans le roman, un sursaut de motivation de Guillaume combiné à une histoire (ou plutôt une mauvaise idée) de canette. Le récit s'enrichit, les personnages prennent de l'épaisseur et l'on rit des catastrophes et autres situations impossibles dans lesquelles plonge Guillaume. Bon en tant que documentaliste, j'ai moyennement apprécié la bataille de livres au C.D.I. !.. Le jeune garçon évolue progressivement, devient attachant. Entre Lucile, un 19 en science et le basket : "Finalement, ce n'est pas si nul l'école !".
Patricia Deschamps, août 2016