Norbert a 14 ans, des petits problèmes de diction (il est bègue), une maladresse certaine, mais un vrai talent de dessinateur.
Un soir, l'occasion se présente à lui de garder le bébé de sa voisine du dessus : son baby-sitter habituel s'est blessé. Contre toute attente, Prosper passe une excellente soirée. Non seulement il s'est très bien débrouillé, mais de plus il s'est produit un miracle : en compagnie de l'enfant, il n'a absolument pas bégayé !
Enthousiasmé par cette première expérience, il décide de proposer ses services de baby-sitter dans son immeuble...
Mon avis :
Le concept du journal revisité, avec un cahier qui répond de manière très drôle à son jeune auteur !
C'est un récit vivant que nous propose là Paul Beaupère : richement illustré, le texte se présente sous la forme d'un dialogue entre Prosper et son cahier, qui a un sacré sens de la répartie ("Je suis fait de papier recyclé ; j'ai donc déjà vécu plusieurs vies.") ! L'adolescent y raconte ses expériences plus ou moins heureuses de "Babysittor, le James Bond du biberon" avec beaucoup d'humour et de suspense (il a l'art d'interrompre son histoire au moment crucial !) et fait en même temps de savoureuses descriptions des habitants de son immeuble - mention spéciale pour la redoutable concierge Mme Escalier et "sa terrible créature" le chien Crocfroc ! Dans la seconde partie du livre, on passe en mode aventure avec des voleurs de vases (et de chats) qui vont procurer frayeur et excitation aux deux enquêteurs en herbe, Prosper et son amie Zoé.
Cependant le jeune héros, derrière ses pitreries, est également touchant. Le fait qu'il bègue le handicape au quotidien ("Tout le monde m'appelle Post-it" parce qu'il communique de cette façon) et on le sent plutôt solitaire même si "j'ai plus de copains depuis que je fais ça". Prosper s'est trouvé un alter ego en la personne de Zoé qui, elle, est... sourde ("Elle est capable de m'écouter des heures" !). Le baby-sitting l'épanouit puisque, curieusement, "je ne suis pas bègue avec les bébés !", ce qui lui redonne confiance en lui. Mais pas suffisamment, il faut croire, pour se passer de son cahier aux allures d'ami imaginaire à qui il attribue des réactions fort humaines : "Tu parles tout le temps, tu m'interromps, tu donnes ton avis sur tout, même quand tu n'y connais rien... Tu aurais mérité d'être un humain, tu en as presque tous les défauts." ! Le cahier a même des sentiments amoureux envers sa voisine d'étagère, une encyclopédie "cultivée, toute en couleurs, qui a beaucoup de conversation" !
Bref, un récit dynamique et plein de bonne humeur !
Patricia Deschamps, juillet 2018
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