Lutter, résister, chanter.
Dans une Amérique des années 1960 où la ségrégation raciale bat son plein, où les jeunes gens sont recrutés pour aller se battre au Vietnam, où les essais nucléaires sont censés affirmer la suprématie de ce grand pays, la voix de Joan Baez, si mélodieuse, s'élève. Tout au long des années qui suivront, cette voix ne cessera jamais de chanter contre les injustices et les souffrances qu'elles engendrent.
(Texte : service de presse)
Mon avis :
Dans un récit où se mêle à la voix de Joan Baez celle d'une groupie qui l'a suivie toute sa vie, on découvre les convictions de cette chanteuse engagée autour d'un "rêve d'égalité, de paix et de justice".
L'injustice sociale, la jeune Joan sait ce que cela fait: ayant hérité du teint mat et des cheveux noirs de son père mexicain, elle est méprisée par les enfants blancs mais aussi, parce qu'elle ne parle pas espagnol, exclue par les petits Mexicains. Toute jeune aussi, elle découvre à Bagdad (où elle a habité avec sa famille) la misère et la souffrance des plus démunis. Mais c'est sa rencontre avec Martin Luther King qui déclenche sa vocation: ce grand homme qu'elle admire profondément "met des mots sur ce qui l'habite". A ses côtés elle fera la Marche pour l'égalité à Washington où elle chantera l'hymne de la protestation contre les lois racistes et ségrégationnistes, "We shall overcome" ("Nous vaincrons").
Comme lui, Joan "déteste la violence" et ses actions se feront toujours pacifiques. Car l'artiste ne se contente pas d'associer chanson et militantisme "juste avec ma voix et ma guitare": elle est également active sur le terrain partout dans le monde. Si cette courte biographie s'ouvre sur le festival de Woodstock, "le plus grand rassemblement hippie de tous les temps" contre la guerre au Viêtnam, on la croise également à Hanoï en 1972 sous les bombardements américains, ou encore en Thaïlande en 1979 dans les camps des réfugiés cambodgiens.
L'auteure nous transporte d'une époque à l'autre, ce qui peut déstabiliser un jeune lecteur n'ayant pas les connaissances historiques requises, cependant la chronologie en fin d'ouvrage permet de se repérer dans tous ces événements. On comprend vite que Joan Baez utilise, en plus de ses chansons, les caméras pour témoigner et dénoncer les injustices à travers le monde, quitte à faire de la prison pour défendre ses idées! Car plus qu'un combat, son idéologie humaniste est une façon d'être, au-delà des modes musicales et des audiences. D'ailleurs la chanteuse refusera toute sa carrière "de se vendre aux multinationales".
A travers les paroles de Nicole la fan de la première heure, on comprend toute l'influence de cette personnalité lumineuse et altruiste sur son public. L'ouvrage se termine avec un dossier sur les chansons engagées à travers le monde et les époques, mettant en lumière d'autres chanteurs "témoins engagés et critiques de la société".
Patricia Deschamps, avril 2020