Jeanne Lanvin

roman de Sophie GUILLOU et Alice DUFAY (illustrations)

Les rêves d'enfant qu'on n'a pu assouvir nous accompagnent toute la vie.

Les petites moustaches, 2015, 125 p. (Les petites histoires de la mode)
Les petites moustaches, 2015, 125 p. (Les petites histoires de la mode)

 

Paris, mars 1907.

A dix ans, Marguerite a tout pour être heureuse. Mais elle en a assez que sa maman l'habille comme une poupée. Un jour, elle se révolte...

 

Ce roman fait revivre la figure discrète de Jeanne Lanvin, qui créa de somptueux vêtements par amour pour sa fille.

 

Il est suivi d'une biographie et d'un abécédaire illustré, pour évoquer en images le raffinement du style Lanvin.

 

(Texte : 4e de couverture)

Mon avis :

Le logo de la maison Lanvin est inspiré d'une photo de 1907 qui montre Jeanne et Marguerite lors d'un bal costumé (p.107)
Le logo de la maison Lanvin est inspiré d'une photo de 1907 qui montre Jeanne et Marguerite lors d'un bal costumé (p.107)

C'est du point de vue de sa fille unique Marguerite qu'est abordé le personnage de Jeanne Lanvin. La fillette entretient avec sa mère une relation entre "tendresse passionnée et rejet violent". Ririte a en effet "l'impression d'être une poupée qu'on habille et qu'on déshabille à longueur de journée", d'être cantonnée à un rôle de "petite fille modèle habillée comme une gravure de mode" alors qu'elle sait aussi se montrer "drôle, astucieuse, volontaire". Pire, elle se fait l'effet d'un "animal de foire que l'on exhibe", car Jeanne profite de son petit mannequin pour faire sa publicité (elle est réputée dans le milieu parisien mais ne se fera un nom que quelques années plus tard, notamment grâce à ses départements "Costumes d'enfants" puis "Jeune fille et femme"). Marguerite souffre également des préjugés bourgeois puisque pour beaucoup, elle n'est que la fille de la couturière : "Même avec tes fanfreluches, tu ne feras jamais partie de son monde. Tu sers juste à faire joli dans le décor"...

L'élégance Lanvin, "un subtil équilibre entre classicisme et originalité" (p.83)
L'élégance Lanvin, "un subtil équilibre entre classicisme et originalité" (p.83)

Ainsi en quelques pages, l'essentiel est campé. Touchée par la colère de sa fille (qui cache une certaine détresse), la modiste, que son tempérament pudique auréole de mystère, va peu à peu se dévoiler. On apprend qu'elle a grandi dans un milieu modeste et ne doit sa réussite qu'à son travail et son courage : "Marguerite découvre une réalité qu'elle n'avait pas soupçonnée. L'enfance et l'adolescence de sa mère ont dû être vraiment difficiles". Ainsi Jeanne, "si solide, cache sous sa carapace des blessures qu'elle ne soupçonnait pas" et qui éclairent son attitude à l'égard de sa fille et de son métier. Marguerite comprend ainsi qu'effectivement, "il vaut mieux être trop aimée que pas assez" !

 

Le texte est par ailleurs nimbé d'un féminisme tangible. Si la couturière, divorcée, s'apprête à se remarier, c'est surtout pour les convenances : à l'époque, l'indépendance des femmes dérange encore. Malgré tout elle défend auprès de Marguerite l'idée que "les filles ne sont plus condamnées à être des princesses qui attendent leur prince charmant !". Et la fillette d'espérer que "un jour, dans le futur, on sera à égalité avec eux. Et qu'on jugera les filles sur ce qu'elles font, pas sur leur élégance".

 

Cette histoire est complétée d'une brève biographie de Jeanne Lanvin qui résume comment elle est entrée "dans le monde très fermé de la haute couture" et d'un abécédaire exposant les grandes tendances du style Lanvin (les broderies, les chapeaux, les découpes, les motifs géométriques, le fameux bleu - "sa couleur fétiche" - inspiré des fresques italiennes). Celui-ci est magnifiquement illustré en couleur, d'après d'authentiques modèles de la marque.

Une plongée passionnante dans l'univers d'une créatrice fertile !

 

Patricia Deschamps, août 2017

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