Je n'ai pas le temps : le roman tumultueux d'Evariste Galois

Jacques CASSABOIS

Il ne veut ressembler à personne. (p.26)

Hachette, 2019, 372 p.
Hachette, 2019, 372 p.

 

Évariste Galois fait partie de ces êtres qui ne s’apprivoisent pas. Mathématicien de génie, provocateur irrésistible, républicain militant, il a traversé le début du XIXe siècle telle une comète. Flamboyant, éphémère. Mort à vingt ans pour une querelle de pacotille, il aura malgré tout eu le temps de d’être arrêté deux fois, jugé, incarcéré en prison pour crime politique et, bien sûr, de marquer l’histoire des mathématiques.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Ce roman biographique m'a été offert par Jacques Cassabois lui-même en remerciement de mes précédentes chroniques sur ses œuvres. J'ai été impressionnée par le travail de recherche qu'il a dû effectuer pour sa rédaction, d'autant que nous sommes dans les mathématiques alors que son domaine de prédilection est plutôt la mythologie.

 

La personnalité impétueuse du jeune Evariste Galois est parfaitement rendue. Son palmarès est brillant mais son caractère imprévisible, voire insolent ("J'ai fait comprendre à Libri qu'il était... un imposteur!"). Ainsi, même si ses analyses sont brillantes et innovantes, Evariste obtient rarement le succès escompté (il est refusé à Polytechnique, ses recherches sont "perdues", etc.). Et ses actions révolutionnaires n'arrangent pas les choses...

 

On est en effet autant dans un roman historique que scientifique puisque le contexte politique de l'époque est indissociable de la vie de Galois. Celui-ci revendique la république ("La liberté ou la mort") contre le gouvernement royaliste (de Charles X puis de Louis-Philippe) en place, n'hésitant pas à passer à l'acte. Ajoutez à cela sa volonté de révolutionner l'enseignement ("Vous ne ressemblez décidément à personne") et vous obtenez un républicain dans un monde conformiste de bien-pensants... Cela nuit à ses travaux scientifiques ("Ton engagement froisse ces messieurs de l'Institut") et lui vaut des peines d'emprisonnement.

 

Avec un tel combat ("Je lutte sur deux fronts, celui de la science et celui de la justice sociale! Deux champs de bataille où ce sont les mêmes qui commandent, imposent leurs choix (...), ceux qui sont engoncés dans leurs privilèges, leur refus de comprendre l'innovation, aux certitudes si inflexibles!"), on comprend qu'il ait eu une vie dramatiquement écourtée.

Et pourtant, c'est un quiproquo avec une certaine Stéphanie qui le mènera ironiquement et injustement à sa perte. Une bien triste fin pour un tel génie...

 

Patricia Deschamps, août 2024


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