- Ouh là ! s'exclama le Djinn en sifflant, c'est mon Chameau, par tout l'or de l'Arabie ! Qu'est-ce qu'il dit de tout ça ?
- Il dit "Bof !", répondit le Chien, et il refuse de rapporter.
- Lui arrive-t-il de dire autre chose ?
- Seulement "Bof !", et il refuse de labourer, dit le Boeuf.
- Très bien, dit le Djinn. Je vais aller le "boffer", si vous voulez bien attendre une minute.
Au début des temps, l'éléphant n'avait pas de trompe, ni la baleine de fanons, le léopard n'avait pas de taches ni le chameau de bosse, le kangourou ne sautait pas et la peau du rhinocéros était toute lisse, les marées n'existaient pas et puis personne n'avait encore eu l'idée d'inventer l'écriture...
En une douzaine d'histoires, pleines d'humour et de fantaisie, l'auteur nous explique comment tout ça (et plus encore !) a changé.
(Texte : édition ci-contre)
Mon avis :
Voici douze histoires courtes que l'auteur du Livre de la jungle a écrites en 1902 "pour" sa petite fille décédée à l'âge de huit ans - la fameuse "Mieux Aimée" à qui le narrateur s'adresse directement. Deux contes ont d'ailleurs pour héroïne une fillette espiègle, Taffy "Petite-personne-mal-élevée-qui-mérite-une-fessée" qui en semble directement inspirée ! Maligne, elle sera notamment l'inventrice "d'images-sons" soi-disant à l'origine de l'alphabet... Car ces contes farfelus ne manquent pas d'invention (j'ai beaucoup aimé le rhinocéros qui déboutonne sa peau pour se baigner !) ni d'humour (ah le jeu de mot hilarant sur la bosse du chameau faignant qui dit "bof !" : "Boffe un peu !"). La plupart des histoires mettent en scène des animaux, en des temps anciens où ils n'avaient pas leur apparence actuelle et les explications imaginées par l'auteur sont ingénieuses. La dernière, qui met en scène le roi Soleimon, a une connotation orientale et une visée morale qui la démarque des autres. Par contre j'ai rapidement abandonné la lecture des textes accompagnant les images reproduites (de mauvaise qualité...) à chaque fin de chapitre : j'ai trouvé que cela n'apportait rien de pertinent à l'histoire. De même le style peut rebuter parfois, avec ses noms à rallonge et ses répétitions. Malgré tout l'ensemble est plaisant et j'ai pris plaisir à raconter certains contes (notamment "Le chat qui allait tout seul") à ma fille pourtant grande !
Patricia Deschamps, août 2018