- Un jour, si vous vous en donnez la peine, vous serez un grand écrivain! Je dis bien un grand.
" Hé, petite ! ", c'est mon surnom depuis toujours. Il a suffi d'une visite médicale à l'école pour que le médecin s'inquiète de ma petite taille et me le certifie, je ne dépasserai pas le mètre quarante-sept.
Entre les " minus ", les " microbes " et les " pilules ", pas facile de trouver ma place. Ras-le-bol que tout le monde ne voit qu'une ado minuscule !
C'est décidé, il va falloir se battre.
(4e de couverture)
Mon avis :
Célèbre auteure de dizaines de livres jeunesse, Yaël Hassan raconte comment elle a vécu sa (trop) petite taille étant jeune. Un texte fort et sensible qui est une belle leçon de vie!
Les chapitres, introduits par une citation en rapport avec la taille ("La bonne longueur pour les jambes, c'est quand les pieds touchent bien par terre" a dit Coluche), fonctionnent par thème, ou tout au moins par grandes étapes de cette période difficile: les visites médicales, les expériences malheureuses (au cours de danse, au collège, dans les magasins...). La "petite" raconte sa frustration ("Je trouvais humiliant que la seule chose que l'on retînt chez moi fut cela: ma taille. Comme si elle faisait partie intégrante de mon identité."), son inquiétude ("Tu n'es pas naine"), les regards et les remarques des autres, les moqueries, les complexes à l'adolescence.
Mais ce que l'on retient avant tout de ce texte, c'est qu'à force de se battre contre les préjugés et les jugements hâtifs, les épreuves peuvent se transformer en victoires. On apprend à "se distinguer autrement", on développe le sens de la répartie, on s'oblige à relativiser ("Certaines trop grandes, d'autres trop petites, d'autres encore trop maigres ou trop grosses, et puis d'autres encore trop belles ou trop moches. Pour pratiquement personne la vie n'est facile"). Quand on part avec un handicap, on développe sa force de caractère. Mieux vaut s'accommoder de la situation que de se morfondre! Croire en soi malgré tout. Pour Yaël, ce qui aura été, dans un premier temps, un exutoire, l'écriture, deviendra une vocation. Et au bout du compte, "même si par moments cette expérience fut une souffrance, elle n'aura laissé en moi aucune blessure".
Patricia Deschamps, août 2021