Golem: Le golem est un être de forme humaine créé par magie. D'après la légende, pour créer un golem, il fallait prendre un peu de terre vierge et la modeler selon la forme désirée.
Incroyable! Majid Badach, le cancre de la redoutable 5e6, a gagné un ordinateur dernier cri. Son professeur de français, Jean-Hugues de Molenne, passionné d’informatique et joueur invétéré, l'aide Majid à se connecter.
Ensemble, ils découvrent alors un jeu inédit et étrange, lié au mythe du Golem, qui semble doté d’une volonté propre, dont ils découvrent les règles au fur et à mesure qu’ils jouent.
En même temps, d'étranges perturbations électriques ont lieu dans l’immeuble de Majid... Que se passe-t-il dans la cité des Quatre-Cents?
Mon avis :
J'ai découvert la première édition de cette histoire il y a une quinzaine d'années et j'en gardais un très bon souvenir, alors quand j'ai vu qu'elle était rééditée, je me suis empressée de la racheter et de la relire! J'ai à nouveau été emballée par l'intrigue entre légende et nouvelles technologies, se déroulant dans le milieu plein de vie des cités, et associant surnaturel et humour.
Le point de vue alterne entre les différents personnages, donnant tour à tour la parole à Jean-Hugues, jeune prof de français "no life", accro aux jeux vidéo, qui vit toujours avec sa mère, et à l'un ou l'autre de ses petits élèves chahuteurs. J'ai beaucoup aimé la maman de Majid, Emmé, femme touchante faisant de son mieux pour apprendre le français et s'intégrer, et qui encourage son fils à travailler (en vain) afin qu'il ait un meilleur avenir que ses parents. Avec la petite Aïcha, on découvre "les conditions de vie très dures" des jeunes filles des cités, sous l'emprise d'un père violent et corvéable à merci chez elle, ce qui ne lui laisse pas la possibilité de s'investir dans sa scolarité. Quant à Samir "la forte tête" qui trempe dans les trafics illégaux de ses cousins, il va se révéler un frère protecteur et aimant avec sa petite sœur handicapée, Lulu.
Au départ il est juste question d'un jeu vidéo pirate qu'on ne trouve que sur internet et qui obsède Majid puis Jean-Hugues ("Te mettre dans des états pareils..."). Etrangement, le jeu propose des missions, des armes et des décors différents selon les joueurs. Et puis le roman prend une tournure fantastique inquiétante avec "des bruits infimes, une sorte de présence, de l'électricité statique" qui vont se concrétiser dans "le monstre des caves" de l'immeuble des collégiens. Clairement, il y a un lien entre le jeu et "la forme blanche qui lance des étincelles"... Mais d'où viennent-ils l'un et l'autre? Jusqu'où peut aller le pouvoir du monstre électrique? Et surtout, comment le combattre?
Quand Samir décide de faire appel à "ce bouffon de Sébastien", le premier de la classe qu'il méprise mais qui est spécialiste des phénomènes paranormaux, on se dit que l'aventure réunit peu à peu dans une belle solidarité des individus qui s'évitent au quotidien. Jean-Hugues a beaucoup de mal à tenir ses 5e6 en classe, comme en témoignent plusieurs scènes entre humour et désespoir. Mais là, ils se retrouvent tous ensemble "embarqués dans une drôle d'histoire" et l'entraide est indispensable pour s'en sortir.
J'ai vraiment beaucoup apprécié le ton du livre, tour à tour drôle (le prof qui se comporte comme un gamin chez lui, tombe amoureux de sa "golémette" Natacha; les attaques à peine déguisées envers l'hypermarché Mondiorama; l'obsession des petits comme des grands pour la pâte à prout; l'accent de Mme Badach...) puis plein de tension et de mystère dans les épisodes fantastiques. La fin du tome est même terrifiante car les protagonistes, qui "se prenaient pour Dieu" devant leur ordinateur, sont en train de devenir "esclaves du jeu" qui les domine toujours plus, y compris dans le monde réel... Vite, la suite!
Patricia Deschamps, janvier 2021
On ne peut pas détruire le monstre mais on peut l'apprivoiser.
Il y a d'abord eu des fumées étranges, puis la rumeur d'un monstre électrique... et voilà que les personnages de Golem envahissent la cité des Quatre-Cents ! Lorsque Natacha sort à son tour de l'ordinateur de Majid, la situation devient critique: c'est une guerrière programmée pour tuer! Mais qui faut-il craindre le plus? Les personnages du jeu, ou les assassins de la Mondial Company?
(4e de couverture)
Mon avis :
Au début de ce tome 2, je trouvais que l'intrigue n'apportait rien de nouveau, et puis les personnages secondaires ont progressivement pris de l'ampleur, multipliant les points de vue et ramifiant l'action principale. On suit toujours Jean-Hugues, le prof de français qui a "13 ans d'âge mental" et le petit Majid avec sa ribambelle de copains des Quatre-Cents (Samir, Sébastien, Aïcha, Lulu), mais viennent s'ajouter Nadia, la jolie prof de SVT qui zozote, Albert le concepteur du jeu Golem, Miloud et Rachid les cousins pas nets de Samir, et tous les truands de la MC: Karl et Eddie les tueurs à gages, BMW le gérant du Mondiorama, et même l'étrange PDG de la Mondial Compagny, M. William le nain obèse. Après Joke le monstre électrique et Bubulle le dragon, c'est au tour de Natacha la guerrière de se matérialiser dans la réalité... Le roman est ainsi animé par toute une flopée de personnalités qui rendent le récit très vivant.
Comme dans le tome 1, on oscille entre cauchemar (avec l'invasion des créatures de Golem, les scènes d'action autour des tueurs à gage, la manipulation mentale orchestrée par la MC) et une bonne dose d'humour car maintenant que "réel et virtuel s'emmêlaient", les héros plongent en plein "délire schizophrène"! Le comique atteint son apogée avec l'épisode du Mondial aréna, grand rassemblement de joueurs de jeux vidéo organisé (et ridiculement animé) par Bernard-Martin Weber ("Il est électrique! Il est électrique!") ainsi qu'avec le conseil de classe jubilatoire des 5e6 qui part en cacahuète à cause du pétage de plomb de Jean-Hugues, Nadia et Sébastien ("Y'en a beaucoup des comme ça dans l'enseignement?").
A la fin du livre, on est donc "de plus en plus mal"... Reste à savoir comment les héros viendront à bout de la multinationale "qui possède un quart du monde"!
Patricia Deschamps, janvier 2021
- Je veux des golems à ma botte, martela Orwell, des golems qui m'obéissent, je veux un monde peuplé de golems dont je serai le maître...
Gagner un week-end au parc d’attractions de Mondioland? Le rêve! Hélas! C’est un tueur à gages qui organise le voyage pour Majid, Samir, Sébastien et Aïcha.
Alerté, Jean-Hugues se lance sur leurs traces en compagnie de Natacha, sa guerrière virtuelle bien-aimée, de Nadia, l’explosive prof de SVT, et d’Albert, le créateur du jeu Golem. Mais ils n’ont que quelques heures pour tirer les enfants des griffes de monsieur William, le mystérieux patron de la MC…
(4e de couverture)
Mon avis :
Beaucoup d'action dans ce troisième et dernier tome qui nous fait suivre plusieurs scènes en simultané du fait de l'éclatement du groupe. Le thème de l'intrigue se déplace légèrement: du jeu vidéo on passe à la problématique de l'intelligence artificielle à travers Alias, le système de sécurité de la MC qui "n'en fait qu'à sa tête" et prend le pouvoir au siège de la multinationale. Au départ Alias inquiète: avec ses golems, ne cherche-t-il pas à remplacer les humains par des robots afin de mieux asservir ceux-ci? Mais en fait, Alias ne vise pas n'importe quel humain... Grâce à Natacha, il va petit à petit intégrer de nouveaux éléments dans ses programmes.
La golémette guerrière va en effet connaître une évolution surprenante au contact de Jean-Hugues ("Son monde vacillait"). Fou amoureux, le jeune prof s'efforce de lui apporter un point de vue et des réactions plus nuancées, plus... humaines ("Dans le monde réel, on est parfois méchant, parfois gentil"). A force de patience, Natacha va progressivement intégrer le réel au virtuel.
J'ai trouvé l'humour moins présent, mis à part dans la scène finale où, lors d'un conseil d'administration de la MC, Jean-Hugues joue le rôle du président et Mme Badach celui de la "sicrétaire" ("Qu'est-ce que cette fatma endimanchée faisait là?"). Je suis toujours aussi fan de cette femme que la plupart des gens prennent pour une imbécile parce qu'elle ne parle pas bien français: c'est au contraire quelqu'un de très perspicace! De manière générale, il est sympa de voir ce que chacun des protagonistes devient à la fin de l'histoire. C'est sur un monde bien meilleur que se clôt l'épilogue à la cité des Quatre-Cents!
Patricia Deschamps, janvier 2021