Ginette Kolinka, survivante du camp de Birkenau

autobiographie

Personne, personne ne peut imaginer la vérité. (p.20)

Rageot, 2023, 160 p.
Rageot, 2023, 160 p.

 

Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 avec son père, son petit frère et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Auschwitz-Birkenau. Elle sera seule à survivre, malgré la faim, le froid, les coups et le travail forcé. Après une vie de silence, elle a choisi de témoigner et, désormais, selon ses mots, elle va « dans les établissements scolaires pour montrer où mène la haine ».

 

(4e de couverture)

Mon avis :

C'est le sujet d'histoire du brevet qui m'a donné envie de découvrir le témoignage de Ginette Kolinka, reçu en spécimen l'an passé. Ginette Kolinka qui, à 98 ans, continue d'intervenir dans les collèges et les lycées... J'ai trouvé cette adaptation parfaite pour les jeunes lecteurs, le récit est accessible, d'autant qu'un dossier documentaire très riche vient le compléter (vocabulaire, cartes, contexte historique). Le texte s'enchaîne bien, ne s'éternisant pas sur ce que l'on connaît déjà (les interdictions aux Juifs, les rafles) et se concentrant plutôt sur Birkenau (une extension du camp d'Auschwitz).

 

Même après autant de lectures sur le sujet, le témoignage de Ginette Kolinka m'a émue et j'ai trouvé ses propos poignants dans leur sincérité et leur simplicité. Elle raconte l'horrible quotidien dans les camps ("Comment ai-je pu croire, jusqu'au bout, que j'allais travailler? Comment ai-je pu ne me douter de rien?"), les conditions de traitement inhumaines ("Jusqu'ici, nous étions encore des êtres humains. Nous ne sommes plus rien.").

 

Et puis il y a l'après. La maladie (le typhus), l'extrême maigreur (26 kg !), le traumatisme ("Je ne parle jamais de ce qu'il s'est passé là-bas"). Ce sont les retrouvailles avec les copines de bloc (notamment Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens) qui feront remonter les souvenirs et libérer la parole (entre elles). Mais il faudra des années pour "retrouver une vie normale", sans compter la curiosité malsaine des gens ("Ils venaient voir la déportée").

 

C'est l'appel au témoignage de Steven Spielberg pour son film "La liste de Schindler" qui fera sortir Ginette de son silence. L'accompagnement d'un voyage scolaire la ramène à Birkenau 55 ans après les événements... Mais "Je ne reconnais rien, rien du tout" car "Birkenau, maintenant, c'est un décor". Tout comme Auschwitz est devenu "un musée un peu voyeuriste" ("J'ai l'impression que tout y est fait pour apitoyer")...

Que va-t-il rester, lorsque "tout va partir en poussière"? Il restera la mémoire collective, et ce sera à nous, puis aux jeunes générations, de la transmettre afin de lutter contre la haine ("Je vais vous demander d'être passeurs de mémoire").

 

Patricia Deschamps, juillet 2024


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