Fais pas ta gamine !

BD de Charlotte BOUSQUET (scénario) et Stéphanie RUBINI (dessin)

Vraiment amoureuse. J'ai peur.

"Plus d'appareil dentaire, presque plus d'acné, des seins qui se décident enfin à pousser... Je ne suis pas encore aussi jolie que Solveig ou Chloé, mais au moins, je n'ai plus l'impression d'être un grand sac d'os. Léo aussi l'a remarqué, puisque ça y est, nous sommes ensemble ! Il ne se passe plus une journée sans que nous soyons collés l'un à l'autre. Après des années d'insignifiance absolue, je suis enfin " celle-qui-sait ". Évidemment, ça rend les copines super curieuses : Annabelle, il embrasse bien Léo? Annabelle, vous avez été jusqu'où ? Ça me gêne un peu. Surtout, je ne sais pas trop quoi leur répondre. Léo a envie de plus, mais moi, de quoi ai-je vraiment envie?"

Mon avis :

Bousquet et Rubini, le retour! Cette fois avec une histoire sur le consentement sexuel. On suit Annabelle dans sa découverte des premiers sentiments amoureux, son premier baiser et ses premiers moments d'intimité avec Léo. La jeune fille est naturellement partagée face à la sexualité: "Une partie de moi en avait trop envie. L'autre crevait de trouille". D'autant qu'elle a le sentiment que "ça allait trop vite". Le garçon passe en effet très vite aux attouchements. La première fois, il faudra trois "Arrête!" d'Annabelle puis un "NON!" ferme pour qu'il obtempère enfin.

Après l'incident, l'adolescente est traversée par différents sentiments: "Je m'en voulais d'avoir cédé. Je lui en voulais de ne pas m'avoir écoutée". Charlotte Bousquet trouve les mots justes pour exprimer le ressenti d'Annabelle: "J'avais peur [de le perdre]. J'avais honte [de ne pas arriver à dire non]. J'étais en colère [Il n'a pas le droit de me traiter comme ça]". Comme le lui disent ses copines, "ce serait plutôt à lui de se sentir mal" car au bout du compte, son attitude prouve que "il ne te respecte pas". Les images, évocatrices, font comprendre ce que Léo "m'a obligée à faire" (...) pour "lui prouver que je l'aime" (!). Un comportement inadmissible dont il est nécessaire de parler aux jeunes.

Le graphisme de Stéphanie Rubini, avec ses jolies couleurs et ses scènes d'adolescence crayonnées sur le vif, apporte de la fraîcheur à l'ensemble malgré la gravité du sujet.

Quant au dénouement, je l'ai trouvé surprenant mais savoureux! #girlpower

Patricia Deschamps, octobre 2022

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