La Tiotte et la Grande sont jumelles. Tiotte, née quelques minutes après sa sœur, souffre du désintérêt de sa mère et de la liberté dont bénéficie son aînée. Elle ne sait quoi inventer pour attirer l'attention de sa mère lointaine, indifférente. Lui parler ne sert à rien, imiter sa sœur non plus. Elle s'enferme dans des souvenirs lointains où elle essaie de retrouver des signes de bonheur.
Un jour, grâce à la rencontre avec un jardinier, elle a une idée, une idée lumineuse pour exister, enfin.
(4e de couverture)
Mon avis :
Une pièce très courte et très triste, composée de seize "tableaux" dans lesquels s'exprime toute la souffrance de la Tiotte ignorée par sa mère et méprisée par sa sœur sans que l'on sache pourquoi. La fillette passe son temps à appeler "maman" dans le vide, "comme une litanie", ce qui ne suscite aucune réaction y compris quand cette dernière est présente dans la pièce ("Comment ça, est-ce que tu m'as manqué?")... à part éventuellement du rejet ("Bon pousse-toi! Ne reste pas là dans mes jambes!"). La mère ne se préoccupe que de la Grande alors que celle-ci semble particulièrement désobéissante. Lors des jeux avec sa jumelle, elle prend plaisir à la malmener...
Une personne va pourtant s'intéresser à cette petite fille malheureuse : le jardinier. Pas habituée à ce que l'on fasse attention à elle, la Tiotte est la première surprise ("Tu savais que j'étais là?"). Elle va confier à l'homme son désir le plus profond : faire un cadeau exceptionnel à sa mère pour qu'enfin elle daigne la regarder. Il est bien sûr question de fleurs... Mais la Grande est jalouse de la complicité entre sa sœur et le jardinier, qui lui fait perdre un peu de son emprise sur elle...
Heureusement (et étonnamment) tout se termine bien, mais cette lecture laisse malgré tout un sentiment de malaise. Peut-être parce qu'elle se déroule en huis clos, qu'elle est très concentrée... et que l'on ne croit pas à la fin.
Patricia Deschamps, novembre 2018