Elles ne sont pas celles que vous croyez ! Un regard féministe sur l'histoire

Huit portraits de femmes plus ou moins connues, qui se sont battues contre les préjugés sexistes pour affirmer leur choix de vie.

On l'oublie souvent mais "l'homme préhistorique est aussi une femme". Dans le premier récit, on suit la jeune Lala qui "doit se montrer forte et courageuse, comme toutes les femmes qui les ont précédées sur la Terre, pour continuer à transmettre cette puissance à sa descendance".

Puis vient Cléopâtre, qu'on a longtemps fait passer pour une prostituée, une barbare, alors qu'elle était de sang royal. "On", c'est Octave, futur empereur Auguste, qui a réécrit l'Histoire afin d'apparaître "comme le grand sauveur du peuple romain". En réalité, Cléopâtre était une souveraine œuvrant pour son pays. "Si ce n'était pas une femme, elle serait considérée comme un intellectuel".

J'avoue avoir passé la partie consacrée à Jeanne d'Arc, dont l'histoire ne m'a jamais passionnée, et que j'ai trouvé un peu difficile à suivre car racontée du point de vue des "voix" qu'elle entendait.

Par contre j'ai redécouvert le personnage de Charlotte Corday, qui a assassiné Marat quatre ans après la Révolution française. La jeune femme "voulait une République. Aujourd'hui, cela peut paraître normal. A l'époque, c'était vraiment osé!". Il paraissait surtout impossible qu'une femme puisse commettre un acte violent avec des raisons politiques réfléchies.

Ada Lovelace, elle, surprend par "son engouement pour les mathématiques", "ces choses de l'esprit interdites à mon espèce, celle des filles". Je crois que ce qui m'a le plus choquée, c'est que sa mère, de qui elle tient son amour des nombres, "n'envisage pas pour moi d'autre destin que l'enfermement domestique. Quel manque d'imagination, de la part d'une femme que le mariage a rendue si malheureuse!". C'est dire le poids de la société patriarcale...

On repart dans le domaine de la politique avec les actions spectaculaires des suffragettes, menées par Emmeline Pankhurst. Désobéissance civile, utilisation de la violence: je ne pensais pas que le mouvement pour le droit de vote des femmes ait pris une tournure aussi radicale. En même temps, c'est ce qui a contribué à leur faire publicité et popularité. Je ne savais pas non plus que les suffragettes avaient obtenu gain de cause uniquement pour "les plus de 30 ans, contribuables, épouses de contribuables ou diplômées de l'université". Autrement dit le droit de vote, à l'époque, ne concernait pas toutes ces ouvrières qui s'étaient engagées dans l'effort de guerre, car jugées "trop jeunes ou trop pauvres"...

On passe au sport avec Alice Milliat, créatrice des jeux olympiques féminins: "Et si, à force d'entraînement et de volonté, ces élues de la condition physique pouvaient prétendre au titre d'athlètes?". Face à un Coubertin sexiste et même misogyne, la jeune femme s'efforce de prouver que les bienfaits du sport concernent aussi les femmes. C'est une telle évidence pour nous qu'on en oublie qu'il a fallu se battre pour ça aussi.

Il en est de même pour le monde de l'art. Le portrait de Sonia Delaunay, dont je suis allée regarder sur internet les tableaux abstraits inspirés du fauvisme ("utiliser la peinture de manière éclatante") et du cubisme, montre combien "mon statut de femme artiste célibataire est un lourd boulet que je traîne".

Chacune de ces femmes représente autant d'exemples des inégalités entre les femmes et les hommes dans tous les domaines, y compris encore de nos jours...

Patricia Deschamps, mars 2024