Choisir. Trancher. Se positionner. Décider de "son avenir".
Louise a 18 ans, le bel âge, celui de tous les possibles. Pourtant, elle a l'impression de n'avoir aucune prise sur sa vie et son avenir. Comme tous les élèves de terminale, elle a émis des vœux sur Parcoursup et elle est admise presque partout. Mais ces choix ne sont pas les siens, ils lui été dictés par sa mère. Les questions se bousculent dans sa tête. Doit-elle laisser un algorithme décider pour elle du reste de sa vie ? Pourquoi ne se réjouit-elle pas alors que certains de ses camarades n'ont pas sa chance et sont recalés partout ? Et si pour une fois elle cessait d'être la fille raisonnable et obéissante que tout le monde connaît ?
(texte : sandrine57 pour Babelio)
Mon avis :
Quand l'orientation post-bac déclenche une crise existentielle.
C'est avec des mots aigris, meurtris, que Louise explique son blocage face à Parcoursup, cet algorithme qui oblige à faire des choix, à "rentrer dans une case" à un âge où l'on envisage encore difficilement "son avenir". Louise voudrait "casser les codes" mais n'ose pas. Il faut dire que rien dans l'éducation qu'elle a reçue ne va dans ce sens. Sa mère est le cliché de la bourgeoise engoncée dans ses principes ("Il s'est passé quoi pour qu'elle se fane comme ça?") et son père, si discret, si docile, semble regretter d'être rentré dans le rang. Si "obéir est plus simple que tout remettre en question", Louise étouffe dans son rôle de "bonne élève, fierté de sa classe, de son lycée, de ses parents. La future brillante élue" et rêve "d'aller voir ailleurs, sortir de la route, se choisir une autre voie, un autre parcours".
Plus le roman avance et plus le texte prend des libertés graphiques, se fait poétique, innovant, personnalisé, à l'image de ce que recherche la jeune fille. Celle-ci est fascinée par son amie Manon, si insouciante et égoïste, qui ne pense qu'à profiter de la vie (et des garçons), loin des tracas du bac. Qui s'imagine déjà dans l'après alors que Louise ne veut pas de la vie toute tracée (par sa mère) qui l'attend. Mais Louise "n'a pas été formée pour l'imprévu" et elle a peur. Au bout d'un moment, le discours se met à tourner en rond, le récit semble long, le mal être de l'héroïne pesant. Et puis tout est un peu faussé par son origine sociale: c'est une "gosse de riche" qui peut se permettre de jouer avec son avenir parce qu'elle a de l'argent pour voir venir, une villa familiale pour s'isoler, un voilier pour s'échapper. Louise ne sait pas ce qu'elle veut ni qui elle est vraiment ("se connaître, déjà") et c'est à la fois un brin agaçant tout en ouvrant un éventail de possibilités.
On ne connaîtra pas sa décision finale mais son histoire encourage à se poser et à (s')observer afin que chaque décision prise, quel que soit l'âge de sa vie, soit conforme à son ressenti intérieur.
Patricia Deschamps, juin 2020