Ma mère est hallucinante. Elle a des yeux derrière la tête, car elle voit VRAIMENT tout! Elle a aussi des oreilles bioniques, car elle ENTEND TOUT !!
Pour Lolo, 11 ans, écrire, c'est pour les filles (trop nul!), comme sa demi-sœur Amélie qui cache son journal intime sous son oreiller.
Sauf que, quand Lolo ne peut pas jouer avec ses amis parce qu'il est (encore) en "punitence" dans sa chambre, il ne trouve rien d'autre à faire que de raconter sa vie injuste dans son carnet (pas journal, hein !).
Au cours de l'année scolaire, Lolo multipliera malgré lui les entrées dans ce « carnet », où seront dûment consignés les chicanes de cour d'école, les coups pendables faits à sa sœur, les exploits sportifs, et même les choses qui ne se disent pas (comme cette chaleur qui lui monte aux joues chaque fois qu'il croise Justine).
Mon avis :
Le journal d'une peste version garçon !
Pas de dessins dans ce journal, pardon, carnet, mais une mise en page ultra dynamique, agrémentée ici et là d'expressions canadiennes (la nationalité de l'auteur) rigolotes qui contribuent à l'humour du texte : "Il est full cool", "C'est Tutu qui a commencé la chicane", "Je suis en punitence dans ma chambre" (pénitence + punition), "Se coucher tôt c'est poche" (nul), etc. Personnellement, j'ai trouvé que c'était une habile façon de meubler une histoire un peu creuse...
Charles-Olivier, pardon, Lolo, raconte ses petits tracas d'enfant de 11 ans ("ça fait du bien de me défouler"), notamment ses chamailleries avec sa grande sœur Amélie (qu'il surnomme méchamment Mémé) et avec les jumeaux Tutu et Lulu. Constamment puni, il fait l'effet d'un garçon enquiquineur même s'il n'a pas un mauvais fond. L'école ne semble pas l'intéresser plus que ça, il évoque surtout Kevin et sa bande ("de c***") qui s'acharnent sur les plus fragiles, notamment William le "rondelet". L'intrigue prend un peu d'épaisseur à partir du moment où Lolo commence à se sentir concerné par cette situation de harcèlement qu'il juge injuste ("Ah oui ? Pourtant tu ris toujours quand il me cherche.").
Au contact de son nouvel ami, Lolo va peu à peu gagner en maturité. Avec William (qui "n'est plus le même gars qu'avant") et Max son copain de toujours, ils vont se sentir plus forts face au fameux Kevin (jouant aux "trois mousquetaires"). Surtout, le jeune garçon va relativiser sa situation familiale : certes William est issu d'une famille aisée (ils ont un chalet au bord d'un lac avec billard, flipper et autre machine à pop-corn), mais il passe la plupart du temps seul (il est enfant unique et ses parents ne sont guère présents, le confiant à une "gardienne" ne parlant même pas français, lui qui était déjà "tout seul à l'école aussi"). William rêverait de manger en famille les bons petits plats cuisinés par sa mère comme Lolo... "Il aime ça être chez nous parce qu'il y a de la vie".
Ainsi Lolo se rendra compte que sa mère, malgré sa sévérité, tient à lui ("J'adore les câlins de maman"), et qu'il n'est pas si désagréable d'avoir des frère et sœurs ("Lulu est une adorable sangsue"). Ce qui ne l'empêchera pas de poursuivre ses bêtises et maladresses, à découvrir dans la suite de ses aventures qui comptent déjà une dizaines de livres, pardon, carnets, au Canada !
Patricia Deschamps, février 2019