1860. Le « Sloughi », un voilier avec à son bord quinze garçons de huit à quatorze ans (ainsi qu’un chien) issus du même collège de Nouvelle-Zélande, dérive un temps puis fait naufrage sur une île à priori déserte.
Tant bien que mal, les enfants s’installent et organisent leur (sur)vie sur cet archipel perdu en plein Pacifique mais des tensions ne tardent pas à apparaître, notamment entre Briant, meneur naturel et Doniphan, querelleur et jaloux.
Cependant la petite bande va devoir s’unir et oublier ses dissensions car des bandits viennent à leur tour d’arriver sur l’île.
L'avis de Fabien, bibliothécaire :
Paru en 1888, Deux ans de vacances est l’un des classiques incontournables de Jules Verne. Même si le roman est un brin longuet, on passe un moment sympathique en suivant les péripéties de ces enfants qui doivent à la fois organiser la vie de la communauté sur l’île, la chasse et la pêche, gérer les conflits internes et affronter des malfaiteurs peu commodes. Mais sur un thème voisin, comment ne pas penser au chef d’oeuvre noir de William Golding Sa Majesté des Mouches, paru en 1956, qui narrait les aventures d’une bande de gamins échoués sur une île qui retournait quasiment à l’état sauvage. Chez Jules Verne, les personnages sont plutôt lisses (même les « méchants »), la situation n’est jamais si dramatique, la nature n’a pas l’air à ce point hostile et on peut presque penser que les protagonistes ont réellement passé deux ans de vacances, plus proches d’un Koh Lanta gentillet que de Robinson Crusoë ! Bien sûr, la comparaison entre les deux est injuste, ne serait-ce que parce que Jules Verne veut divertir et édifier son jeune lecteur, et non lui montrer la noirceur de l’âme humaine, mais difficile ne pas trouver les tribulations de ces sympathiques bambins bien sages.
Malgré tout, que l’on ait lu ou pas le roman de Golding, Deux ans de vacances reste une agréable lecture, le talent de conteur de Jules Verne garantissant de toute manière un moment dépaysant.
Juillet 2018
► Et aussi...
♦ Bande dessinée de BRREMAUD, CHANOINAT et HAMO (chapitre 1/3)
Mon avis :
Je découvre l'histoire de Jules Verne avec cette adaptation et je dois bien avouer ne pas l'avoir trouvée "extraordinaire"... L'intrigue (des enfants livrés à eux-mêmes en mode survie) donne une impression de déjà-vu, peut-être justement parce que l'idée a été maintes fois reprises après le célèbre auteur.
L'action démarre en pleine mer tandis que Briant, au gouvernail du Sloughi, tente de traverser la tempête. Un bref flashback explique comment les enfants en sont arrivés là, puis on passe à l'organisation sur l'île (l'avantage avec un album, c'est qu'on évite les longues descriptions). Les personnalités se dessinent rapidement, notamment celles de Gordon, le chef élu, de Doniphan à la gâchette facile, et de Moko qui "en sa qualité de noir, ne peut ni voter ni commander à qui que ce soit" (ce qui ne choque personne à l'époque)... N'oublions pas le chien Phann "auquel on découvrit d'excellentes aptitudes pour la chasse". Tous ont l'air à l'aise dans ce milieu hostile (sûrement l'époque aussi), y compris lorsqu'il s'agit d'exterminer un groupe de phoques pour récupérer leur graisse (la scène, sanglante, est particulièrement écœurante). Le graphisme est classique mais soigné, bien qu'un peu trop linéaire à mon goût.
Cette première partie se clôt sur une découverte un peu macabre qui sème le doute dans les esprits quant aux chances d'être retrouvés rapidement...
Patricia Deschamps, juillet 2018
♦ Manga de Jiro OTANI
Il faut croire qu'avec un peu de courage, du travail, de l'organisation et de l'enthousiasme, rien n'est insurmontable...
Mon avis :
Enchaîner le manga après la BD, c'est un peu redondant... Cependant j'ai trouvé cette adaptation plus dynamique et moderne. Les personnalités sont bien marquées, notamment l'exécrable Doniphan et à l'opposé, le touchant Jacques (petit frère de Briant). Les événements racontés ne sont pas forcément les mêmes que dans l'album, le mangaka ayant fait des choix différents. Même si le groupe se dispute et se divise régulièrement, il se dégage beaucoup d'enthousiasme de ces garçons incroyablement dégourdis. L'expérience hors du commun qu'ils auront traversée ensemble se révélera en effet très constructive à son issue : "J'ai le sentiment qu'à présent, peu importent les obstacles, nous pourrons tout traverser" !
Patricia Deschamps, août 2018