L'amitié, la vraie, se fiche de la politique !
Octobre 1944, quelque part au-dessus du Pacifique. Le pilote Max Kurtzman se distingue par ses exploits aériens face aux kamikazes japonais. Après la mission, Max se souvient qu'enfant déjà, il rêvait d'aviation avec ses camarades Werner et Hanna :
1930 en Silésie, une région partagée entre Pologne et Allemagne. Werner et Hanna s'inscrivent aux jeunesses hitlériennes pour pouvoir suivre une formation de pilote. Pour Max le juif, hors de question d'adhérer aux idées du führer ! Le chemin des trois enfants se séparent...
Retour en 44 : Max est arrêté, on le soupçonne d'être Werner l'espion nazi !
Mon avis :
Le point fort de cette bande dessinée, c'est qu'elle alterne situation présente et passée dans un récit rythmé au graphisme agréable. La Seconde Guerre mondiale est abordée via la thématique accrocheuse de l'aviation (comme dans le roman Envol pour le paradis) et nous apporte le double point de vue nazi et juif. Les couleurs vives, la netteté du trait, le travail de mise en page offre de belles scènes, que ce soit dans les jeux d'enfance ou les combats aériens.
Ce premier tome est centré sur le personnage de Max (les deux autres seront consacrés à Hannah puis Werner), petit garçon puis jeune homme attachant, à la fois sensible et déterminé. Max est celui qui a la position la plus délicate et son histoire serre le cœur... Le volume se clôt sur un ignoble chantage et on a hâte de découvrir la suite des événements !
Patricia Deschamps, mars 2016
A présent, cette femme est devenue l'âme damnée du 3e Reich, une icône nazie !
Parachuté en Pologne par les Américains, Max est pris en charge par un groupe de résistants polonais et prend l'identité d'un pilote allemand fait prisonnier puis abattu.
Présenté aux nazis comme le seul survivant d'une attaque alliée, il infiltre un groupe de volontaires pour piloter des bombes volantes. Sa cible : Hanna Reitsch, son amie d'enfance devenue Flugkapitän en charge de tester les avions militaires du programme "Amerikabomber", une arme terrifiante destinée à frapper l'Amérique...
Mon avis :
Ce deuxième album est de facture plus classique que le premier mais le scénario reste prenant. Les points de vue alternent entre Max et Hanna, et comme dans le volume précédent, des flashbacks sur leur enfance, principalement l'épisode de la caverne qui donne son titre à la série, permettent de mieux appréhender la situation présente. Hanna la casse-cou ("cette fille est folle !") est devenue une pilote émérite, détentrice de plusieurs records (elle a vraiment existé, c'est une des plus célèbres aviatrices de son époque !). Froide, implacable, un brin illuminée ("Moi, fille libre, je ne crains personne ! Je n'obéis qu'à ma seule volonté"), tout l'oppose à Max le sensible (notamment au charme d'une (re)belle polonaise). Ce dernier joue d'ailleurs un (double) jeu dangereux... D'un point de vue historique, on est choqué par l'âge des fameux "pilotes volontaires" : "Des gosses ! On nous a envoyés des gosses !", témoins de l'efficacité de l'embrigadement nazi dans les jeunesses hitlériennes... Une aventure sympathique et instructive !
Patricia Deschamps, avril 2016
Deutschland über alles ! (L'Allemagne au-dessus de tout !)
25 avril 1945, un avion militaire allemand de reconnaissance arrive à se poser miraculeusement au cœur de Berlin, ville assiégée par les troupes russes. A son bord, Hanna Reitsch, et un haut-gradé blessé. Conduite à la base secrète de Khala, Hanna se voit confier une mission capitale : piloter l'aile volante HO 229, la fameuse arme secrète du projet Amerikabomber...
Hanna choisit pour copilote Max, toujours sous sa fausse identité, bien qu'Hanna l'ait reconnu, et bien que le RSHA, qui mène une enquête sur lui, ait de sérieux soupçons le concernant...
Mon avis :
Jolie scène d'ouverture avec un bombardement aérien rouge flamme, suivi de près par un vol périlleux bleu nuit. Comme le titre de ce volume 3 l'indique, les souvenirs d'enfance sont centrés sur le personnage de Werner qui, s'il a suivi Hanna dans les Jeunesses hitlériennes afin d'apprendre à piloter, n'a jamais adhéré à l'idéologie nazie. Et là, coup de théâtre ! Qui, à lui seul, ravive, s'il en est besoin, l'intérêt pour l'intrigue. Côté historique, on est sur la fin de la guerre : Hitler s'est suicidé, et le Reich moribond encourage ses farouches partisans aux actes les plus insensés... Suspense, et... fin du premier cycle !
Patricia Deschamps, avril 2016
J'ai donné ma parole à mon Führer ! Personne, pas même toi, ne m'empêchera de la tenir ! L'honneur est la dernière fierté de l'Allemagne !
Début mai 1945. Le IIIe Reich est à l'agonie : Hitler s'est suicidé et le pays est en ruines. Cependant, quelques fanatiques refusent de se résigner. Parmi eux, un groupe d'officiers nazis, "l'ordre noir SS", associé à des génies scientifiques, caressent encore l'espoir de détruire New York avec une seconde arme secrète, le "Silbervogel".
Le pilote prévu pour piloter cet engin de la mort, c'est bien sûr la talentueuse Hanna. Hanna que Werner ne peut pour autant se résoudre à tuer...
Mon avis :
L'intrigue se politise, le texte se densifie et le vocabulaire devient chargé en allemand et en termes scientifiques... Difficile dès lors de rester captivé, surtout pour des jeunes. On comprend que les vainqueurs américains et russes, dans une prémisse de la Guerre froide, s'enquièrent déjà de récupérer les technologies nazies en vue de détenir "la souveraineté absolue sur le plan stratégique international". Du coup on s'éloigne sensiblement de ce qui faisait le cœur de la série : les relations, délicates mais profondes, entre les héros. Certes on a droit à quelques scènes en tête-à-tête entre Hanna et Werner, mais elles sont plutôt brèves et n'apportent rien de nouveau.
Le graphisme est toujours aussi agréable, avec encore une belle (et à la fois horrible) scène (de cauchemar) en ouverture. Le travail réalisé sur les couleurs est de qualité (j'ai beaucoup aimé la scène nocturne, et sans paroles, avec l'ours) et l'album est agréable à parcourir. La fin du tome rappelle celle du précédent, ce qui, une fois de plus, donne l'impression que ce second cycle est peut-être un peu superflu...
Patricia Deschamps, novembre 2016