Le corps doit vibrer avec le son, accompagner la musique pour exprimer les sentiments et les émotions humaines.
Sacré phénomène, Isadora Duncan ! À six ans, elle improvise une petite école de danse, à onze, elle donne de vrais cours, inventant ce qui deviendra la danse moderne.
En attendant le succès qui, elle en est sûre, l’emmènera loin de San Francisco, elle doit faire des prouesses pour trouver de quoi manger, mais aussi payer le loyer pour éviter que sa famille ne se retrouve à la rue. Car bien qu’elle soit la plus jeune, elle est la plus débrouillarde…
De San Francisco à Paris, en passant par New York, suivez le parcours de cette danseuse atypique, qui a révolutionné le monde de la danse !
(4e de couverture)
Mon avis :
Le parcours atypique de celle qui fut à l'origine de la danse moderne et contemporaine.
Issue d'une famille d'artistes, Isadora Duncan a grandi dans un milieu où le quotidien se passe à chanter, danser, réciter des poèmes, écouter de la musique classique et jouer du théâtre. Sa mère Mary instaure assez peu de règles en dehors de "jouer, créer, ne pas prêter attention à l'argent ni aux biens matériels". Cependant, comme elle élève seule ses quatre enfants, la pauvreté, voire la misère, est aussi le lot du "clan Duncan".
On sent que la vie de la danseuse a été dense et l'autrice fait le choix de se concentrer sur les événements les plus significatifs, un par chapitre. La manière de danser d'Isadora, très novatrice pour l'époque ("Une danse sans chaussons à pointes ni corset, avec de l'imagination, de la liberté, du travail aussi..."), libère le corps des conventions et des carcans, tant au niveau de la tenue (une simple tunique à la grecque) que des mouvements. Le style plaît autant qu'il déstabilise, et la jeune fille essuiera beaucoup de refus, allant "de misère en déceptions". Le parcours de la famille Duncan, très chaotique, les mènera de San Francisco à New York en passant par Chicago, et mêle espoirs et déboires, aussi bien professionnels que sentimentaux. Malgré tout, ils resteront à la fois déterminés et solidaires ("Ils étaient de nouveau sans rien mais... tous ensemble!".
Le récit s'arrête tandis que les Duncan s'apprêtent à franchir l'océan Atlantique pour percer en Europe. Cependant un dossier documentaire résume ce qu'il adviendra par la suite, notamment tout le travail d'enseignement que Isadora et sa sœur aînée Elisabeth mettront en place: malgré le succès, "Isadora n'oubliait pas pour autant ce qu'elle considérait comme sa véritable mission: le partage. Apporter aux autres le bonheur de danser. Elle fonda des écoles à Berlin, Moscou et Paris, où elle accueillait les enfants pauvres".
En refermant le livre, je me disais qu'il y manquait une bibliographie pour ceux et celles souhaitant en lire davantage sur cette femme incroyable. En réalité, il existe assez peu d'ouvrages sur elle en dehors de son autobiographie et quelques écrits anciens, et en tout cas rien en jeunesse. Le roman d'Evelyne Brisou-Pellen est d'autant plus précieux!
Patricia Deschamps, février 2021