Nous sommes toutes deux face à une épreuve inédite,
et nous devons triompher ensemble.
Anka joue depuis un an à Olympus Rising, un petit chef-d'oeuvre de gameplay avec pour toile de fond sa passion de toujours : la mythologie grecque. Elle aime jouer Athéna, un personnage complexe, fin stratège, avec qui elle excelle. Mais les choses se corsent quand Anka se retrouve pour de bon dans le corps de son personnage favori, tandis que la déesse guerrière prend la place d'Anka dans la vraie vie, persuadée qu'elle doit récolter des indices, des gemmes, et qu'elle a une quête à mener !
(4e de couverture)
Mon avis :
Ce quatrième titre de la série "Dans la peau" combine avec succès mythologie et jeu vidéo, avec une pointe d'humour. J'ai trouvé très drôle la découverte du XXIe siècle par la déesse Athéna, d'autant qu'elle continue de s'exprimer comme dans Olympus Rising, appelant le petit frère d'Anca "jeune guerrier", ses amis des "coéquipiers" et considérant la visite chez mamie comme... une mission (ceci dit, cela y ressemble)! Si j'ai trouvé le portrait de la mère d'Anca un peu long ("Je la déteste, avec sa manie de tout juger et de vouloir que tout soit parfait!"), on comprend par la suite pourquoi: la relation mère/fille est au cœur de l'intrigue.
L'inversion des corps a en effet pour but d'amener Anca à réfléchir à son attitude. En découvrant l'envers du jeu, l'adolescente prend conscience de l'opinion que sa team a d'elle: une stratège très douée... mais souvent méprisante envers les autres. Derrière les pseudos, il y a des individus comme elle... Et en même temps, ce que Anca aime dans le jeu vidéo, c'est que "il n'y a pas d'imposteurs comme au collège ou comme dans la vie. Si t'es mauvais, ça se voit. T'as beau te la raconter, ça ne passe pas si tu n'as pas le profil qui va avec". On comprend qu'elle est beaucoup plus sûre d'elle dans Olympus Rising que dans la vie ("Autant je galère parfois dans la vie, autant dans la game je me sens invincible". Mais n'est-elle pas justement en train de copier le comportement de sa mère qu'elle abhorre tant? Anca réalise que "ce n'est pas pareil de jouer un avatar que de vivre le truc en vrai" et que pour mener son équipe à la victoire, elle va devoir s'appuyer sur les autres ("Chacun a des qualités et des faiblesses que tu devras mettre au service du groupe").
De son côté, Athéna, outre le fait qu'elle a perdu sa Chouchou restée dans le jeu et qu'elle se prend de plein fouet des remarques comme "T'es juste une IA calquée sur la vraie Athéna dans un jeu vidéo", s'efforce, grâce à son esprit pragmatique, de trouver des solutions. Pendant qu'Anca s'évertue à prendre l'Olympe pour renverser Zeus, Athéna cherche comment affronter la mère de la jeune fille ("Mon Olympe... c'est ma mère!") afin qu'elle reprenne "le pouvoir sur sa vie". Anca est pleine de colère et il est temps que celle-ci s'exprime. La mise au point permettra de prendre du recul sur les relations familiales et de repartir sur des bases plus saines.
Je termine avec une mention spéciale pour l'illustrateur, Tino, qui réalise de chouettes couvertures et de sympathiques dessins intérieurs!
Patricia Deschamps, juillet 2023
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