"La chaleur tuera cet été! Ça va être terrible"; avait prédit Evvie Chalmers, la doyenne de Castle Rock. Elle ne se trompait pas: l'été 1980 fut effectivement le plus chaud que Castle Rock eût jamais connu. Ce fut aussi un été sanglant.
En fait, tout commença le matin du 16 juin, lorsque Cujo, un saint-bernard aussi impressionnant que débonnaire, se fit mordre par une chauve-souris. Mais au fond, cela avait peut-être commencé dès le mois de mai, lorsque Tad Trenton avait cru voir un monstre, dans le placard de sa chambre… Bien sûr, ses parents l'avaient rassuré, il avait fait un cauchemar, les monstres n'existent pas, voyons! Ils se trompaient: même dans les petites villes paisibles, les monstres guettent, tapis dans l'ombre…
(4e de couverture)
Mon avis :
Après Carrie, Salem et Shining, Cujo (1982) fait partie des tout premiers best-sellers de Stephen King que j’avais envie de relire. Un gros saint-bernard débonnaire qui se transforme en bête enragée, l’idée me plaisait. Mais le « style Stephen King » dilue la tension de l’intrigue. « Le style Stephen King », pour moi, c’est ce dosage entre scènes d’horreur et peinture de l’Américain moyen. L’auteur décrit toujours très en détail la psychologie de ses personnages, y compris secondaires ; parfois ça m’aide à entrer dans l’ambiance, parfois cela m’agace (« Accélère ! »). Ici il est clair que l’objectif est de démontrer comment « tant de circonstances ont pu se lier » pour mener au drame final. Et on ne peut être qu’admiratif de la construction de l’ensemble. Mais si j’ouvre un Stephen King, c’est pour le frisson et l’horreur, et tout ce que l’on attend, ce sont les attaques du chien. J’ai trouvé le portrait de celui-ci particulièrement réussi : bien que rendu fou par la maladie, il reste touchant par ses instants de lucidité où son bon caractère lutte contre la violence qui l’envahit malgré lui.
Patricia Deschamps, octobre 2023