"Heureusement que je vous ai, vous", lance le jeune garçon en direction de l'écran à sa famille virtuelle - SA famille, SA SEULE VRAIE famille (...).
Depuis qu'il a eu le jeu vidéo "Cream-city" à Noël, Corentin est complètement accro. Dans cette simulation, il s'est créé une famille idéale, les Lovely, qui vit en parfaite harmonie. Jamais aucune dispute ni la moindre anicroche ! Pas comme ses parents qui viennent de se séparer... Depuis le départ de son mari, la mère de Corentin se laisse complètement aller, et le jeune garçon préfère mille fois mieux se réfugier derrière son écran d'ordinateur que supporter ses sautes d'humeur.
Jusqu'au jour où Corentin décide de s'amuser avec les personnages, qui n'agissent pas forcément à son goût lorsqu'ils évoluent en autonomie. Et s'il leur donnait des ordres tels que "se disputer", "insulter" ou même "se déshabiller" ? Elle est bien mignonne après tout la blonde Virna...
Très mauvaise initiative ! Depuis qu'il a installé le logiciel Format 4 pour modifier le programme, les personnages se mettent à bugger et commencent même à disparaître les uns après les autres, aspirés par un inquiétant tourbillon noir ! Pour la première fois, Cream-city va connaître l'inquiétude et même la peur...
Et en voulant régler le problème, Corentin lui-même se retrouve propulsé dans le jeu !
Mon avis :
Ce sympathique roman est clairement inspiré de l'excellent jeu de simulation "Les Sims" dans lequel on a "l'illusion d'observer la vie de vraies personnes". La problématique est posée d'emblée : un monde virtuel peut-il combler les manques de notre vie quotidienne ?
Le héros va rapidement se rendre compte que la famille Lovely n'est pas crédible : dans Cream-city, rien n'est très réaliste. Les personnages sont stéréotypés, et le jeu est paramétré pour empêcher toute grossièreté (dans le langage) et toute vulgarité (dans les actes). D'ailleurs, en débarquant dans le jeu avec toute son humanité - et donc son imperfection - Corentin va bouleverser complètement le comportement des personnages et provoquer chez eux des réactions violentes très inattendues !
Du coup il comprendra que sa propre mère n'est pas si mauvaise et que rien ne vaut la vraie vie. Une morale un peu simpliste à mon avis : en tant que grande fan de ce genre de jeu, je trouve qu'on peut tout à fait aimer créer des mondes virtuels tout en étant s'épanouissant dans la réalité !
Patricia Deschamps, juin 2013