Contes à faire peur

Des cadavres las d'être disséqués qui reviennent à la vie pour se venger de leurs tortionnaires, le destin funeste de deux "killecrofs" (enfants démoniaques dans la mythologie allemande), un homme simple qui perd la tête par amour (... et appât du gain!), criminels tourmentés par leurs conscience sans oublier Isobel dont l'amour semble être fatal aux hommes qui ont le malheur de tomber sous son charme, telles sont les réjouissances qui attendent le lecteur de ce recueil de nouvelles rare (il n'a pas été réédité depuis 1973) et donc méconnu mais culte (il est notamment évoqué dans le Vampires de Jacques Sirgent). Ce curieux ouvrage publié en 1857 est l'oeuvre de Claude Vignon, de son vrai nom Marie-Noèmi Cadiot (1838-1888), sculptrice, femme de lettres et féministe. Si ces Contes à faire peur remplissent parfaitement leur mission, c'est moins par les effets attendus (meurtres, apparitions de spectres...) que par la description des tourments qui envahissent les criminels une fois leurs forfaits accomplis (ou pas. Ou pas encore...). L'évocation de leur plongée dans la folie n'est d'ailleurs pas sans rappeler les pages les plus hallucinées des contes fantastiques de Maupassant (qui sortiront bien sûr bien plus tard) et c'est un véritable voyage à travers des psychés malades qui est proposé au lecteur. Le style est classique mais direct et évite les longues descriptions pour se concentrer sur les personnages et leurs actions. En attendant son hypothétique réédition, ce livre fiévreux mérite qu'on traque les bouquinistes pour le dénicher car il a sa place (à mon humble avis!) à côté des grands classiques du fantastique.

Avril 2018

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