Voici l'histoire de Wang-Fô, le fameux peintre chinois. Il parcourait le royaume des Han en compagnie de Ling, son fidèle disciple, à la recherche de nouveaux paysages. Ses tableaux étaient si beaux qu'on les disait magiques. Mais un jour, l'empereur convoqua le vieux maître pour le menacer d'un terrible châtiment...
(4e de couverture)
Mon avis :
Ce recueil de quatre nouvelles fait partie des classiques achetés en série par mes collègues de français. Les histoires racontées ont des allures de contes exotiques et atemporels, car elles se déroulent dans des contrées et à des époques lointaines (la Chine et la Grèce antiques).
J'ai beaucoup aimé celle de Wang-Fô le peintre contemplatif. Je l'ai trouvée à la fois poétique (il a des allures de vieux sage) et drôle ("Il suivit avec ravissement la marche hésitante d'une fourmi", "Wang-Fô peignit une dernière fois la femme de Ling car il aimait cette teinte verte dont se recouvre la figure des morts"). Quand l'empereur le fait arrêter, un certain suspense s'installe. En réalité, le monarque, qui a d'abord découvert le monde dans les peintures du vieil homme, est déçu de le découvrir moins beau en réalité. Wang-Fô est donc puni d'avoir trop de talent! La fin apporte une touche surnaturelle avec l'inondation venue du tableau ultime ("Ils disparurent à jamais").
"Le lait de la mort" est un conte cruel. Trois frères veulent construire une tour "d'où ils puissent guetter les pillards turcs" mais les éléments sont contre eux. Alors l'aîné décide d'emmurer l'une de leurs femmes dans les fondations ("Celle qui viendra ce jour-là leur apporter à manger")... La fin est un peu limite pour de jeunes élèves, puisque les briques laissent accessibles les seins de l'épouse afin qu'elle puisse continuer à nourrir son enfant...
"L'homme qui a aimé les Néréides" est aussi un peu limite, selon moi, pour des élèves: c'est l'histoire de Panégyotis devenu muet à dix-huit ans pour avoir rencontré les Néréides nues... Ayant aussi perdu l'esprit, "il vagabonde désormais dans le pays".
Dans la dernière nouvelle, "Notre-Dame-des-Hirondelles", le moine Thérapion (à chaque fois je pensais Tartempion!) lutte contre les croyances ancestrales de ses ouailles dans les divinités de la nature. Les Nymphes, surtout, lui donnent du fil à retordre, allant jusqu'à le faire "douter de la sagesse de Dieu". Le compromis qu'il trouvera est à la fois poétique et triste.
C'était une lecture sympathique pendant la surveillance du brevet!
Patricia Deschamps, juin 2023