Alors qu'elle est prise d'une agitation frénétique et incontrôlable pour tenter de se défaire de ses liens, un élancement lui traverse la nuque. Au même moment, le goût. Celui du sang dans sa bouche. Et des souvenirs. Vagues. Décousus. Des images. Les trois coups frappés au carreau. Le visage derrière la vitre. Souriant. Et une main, avec une boîte en plastique débordant de framboises. Et après...
Comme son père est parti avec une autre femme et qu'il a vendu leur appartement, Emma et sa mère emménagent dans une maison à l'entrée de la petite ville de Mondeleau. Emma, furieuse que sa mère ait aussi facilement accepté la situation, s'est enfermée dans une attitude de refus et ne dégoise pas un mot.
Elle trouve pourtant la demeure plutôt agréable, avec sa façade blanche aux volets verts et son petit jardin avec terrasse. Sauf que depuis qu'elle y dort, Emma fait d'étranges rêves... Des rêves où elle se retrouve dans la peau d'une jeune fille de son âge.
C'est la bavarde et pétillante Anaïs, chargée de l'accueillir au lycée, qui lui expliquera qu'elle habite dans "la maison du meurtre" : seize ans auparavant, une adolescente de leur âge, Charlotte, y a été sauvagement assassinée...
Pourquoi Emma revit-elle des épisodes de la vie de Charlotte ? Que s'est-il réellement passé ce jour-là ? A-t-on arrêté le bon coupable ? Une chose est sûre : pour se débarrasser de ses mauvais rêves, Emma va devoir éclaircir le mystère...
Mon avis :
J'ai découvert Amélie Sarn avec Les proies (lauréat du Prix des Lecteurs en Seine 2014) et cet excellent roman d'horreur m'a donné
envie de lire d'autres de ses écrits. Mais attention, contrairement à ce que laisse supposer la couverture, avec Clairvoyance le genre est différent. Entre thriller et fantastique, c'est
un roman d'atmosphère et non d'action et de sang. On se trouve bercé dès les premières pages par l'ambiance de cette maison hantée et des mystères qu'elle recèle... Le style d'Amélie Sarn est
très filmique et je verrais bien une adaptation de son récit !
Tous les ingrédients d'une bonne série B sont en effet réunis. Mondeleau est un bourg où tout le monde se connaît et où les têtes n'ont pas changé en seize ans de
temps... Frédéric le prof de théâtre charmeur de Charlotte, Laetitia sa meilleure amie aux allures de femme fatale, et même Julien son petit copain de l'époque un peu brutal... D'ailleurs les
interactions actuelles au sein de la petite bande d'Anaïs font écho aux événements du passé... Les jeux d'attirance, les conflits, la jalousie sont des sentiments atemporels... On sent planer le
danger sur la trop curieuse Emma... jusqu'au rebondissement final ! Un lecteur aguerri devinera le coupable avant la fin, mais l'intrigue reste captivante jusqu'au bout.
Patricia Deschamps, juillet 2013
Elle s'est recroquevillée sur elle-même. Tout son corps est douloureux. Ses bras, son dos, son ventre. Partout où il l'a frappée. Il n'a épargné que son visage. Comme chaque fois.
C'est l'été et Emma n'est pas du tout emballée à l'idée de passer des vacances en Bretagne avec son père qu'elle n'a pas vu depuis huit mois - depuis qu'il les a lâchement abandonnées sa mère et elle - et avec sa nouvelle compagne Irina qu'Emma n'a aucune envie d'apprendre à connaître. En plus sa copine Anaïs a préféré rester avec son petit ami, et Emma craint de se sentir bien seule.
Heureusement dès son arrivée, la jeune fille fait la connaissance d'un groupe d'adolescents de son âge qui se prélassent sur la plage. Parmi eux un certain Maxence, plutôt séduisant, mais qui est préoccupé par la disparition de son amie Maëlle.
Pendant la nuit, Emma fait un de ses étranges rêves où elle voit une adolescente tomber d'une falaise... Et le lendemain, le corps de Maëlle est retrouvé au pied des rochers... L'hypothèse du suicide est retenue par la police mais Emma n'y croit pas une seconde. Qu'est-il réellement arrivé à Maëlle ?
Mon avis :
Quel roman passionnant ! Je trouve ce Clairvoyance encore plus abouti que le premier ! Plus de suspens, d'action, et aussi plus de révélations surprenantes !
On retrouve avec plaisir le personnage d'Emma et son incroyable don, celui de revivre des pans de la vie d'adolescents morts qui réclament justice. On est cette fois plongés dans une
tragique histoire d'enfant battue, et les transes de l'héroïne s'intègrent parfaitement au récit, lui apportant des éléments qui l'aident à faire avancer sa petite enquête personnelle. On savoure
également son attirance pour le mystérieux Maxence au caractère à la fois sombre et impulsif.
Une écriture prenante, une héroïne attachante, une intrigue bien ficelée et une atmosphère captivante : Amélie Sarn, je suis fan !
Patricia Deschamps, février 2014