Un archéologue de passage en Espagne rencontre un jour, lors de recherches archéologiques, un bandit de grand chemin, don José, avec qui il finit par sympathiser, et dont il favorise l’évasion avant l’arrivée des gendarmes.
Une semaine après, don José le sauve des mains de Carmen la Gitane, dont le narrateur était tombé amoureux et qui s’était employée de le séduire en vue de le dépouiller de sa montre.
Le narrateur retrouve enfin don José quelques mois plus tard à Cordoue, où il lui raconte son histoire d’amour avec Carmen, avant d’être exécuté.
(résumé : dubrevetaubac.fr)
Mon avis :
Une histoire d'amour destructrice dans le monde des bohémiens espagnols.
C'est le style unique de Benjamin Lacombe qui m'a donné envie de me plonger dans cet album. Pas d'adaptation au niveau du texte qui est celui d'origine, et le vocabulaire peut rebuter, mais les illustrations et les pages noires créent une ambiance aidant à entrer dans l'histoire. L'univers est assez sombre puisqu'il s'agit d'amour torturé, Carmen étant une femme fatale dont le pouvoir de séduction sur les hommes relève presque de la sorcellerie. D'ailleurs Benjamin Lacombe l'associe à l'araignée (plutôt qu'à la mante religieuse comme c'est souvent le cas), prolongeant sa mantille en toile pour mieux capturer ceux qui croisent son chemin.
Le récit commence véritablement au chapitre 3 où débute un flashback relatant la rencontre entre la gitane ensorcelante et don José, et la déchéance progressive de celui-ci. A partir du moment où il fait sa connaissance, le soldat se retrouvera emprisonné, rétrogradé, il se fera contrebandier puis voleur et même meurtrier, menant une vie de truand au milieu de la communauté bohémienne et vagabonde qui le mènera à la mort : "Je te l'avais dit que je te porterais malheur." Effectivement Carmen est "un démon", fomentant constamment des "affaires" pour mieux embobiner les hommes qu'elle séduit et ensuite vole, laissant derrière elle une traînée de cœurs meurtris. Car c'est avant tout une femme qui veut "être toujours libre et faire ce qui me plaît", impossible à attacher durablement. Le temps qu'elle passe aux côtés de don José se révèle chaotique (et répétitif), entre moments de plénitude et scènes de jalousie issues de ses petits trafics. Une relation tendue et douloureuse qui ne peut que se terminer mal : "Tu le sais, c'est toi qui m'a perdu"...
Patricia Deschamps, septembre 2018