La nuit de la fête de la musique, une jeune fille est retrouvée au bord d'une route, incohérente et désorientée, incapable de dire qui elle est.
Dans la forêt toute proche, un groupe de lycéens célèbrent le début de l'été, mais l'ambiance a du mal à décoller. Ils ont participé à une course d'orientation «sans portables ni objets connectés», et deux d'entre eux manquent à l'appel. Personne n'a revu Roxane et Rafaël depuis le matin.
À l'hôpital, l'inconnue apparue sur la route sort doucement de sa léthargie et livre au capitaine Marin ses premiers mots... Victime ou manipulatrice?
(4e de couverture)
Mon avis :
Ne vous fiez pas au titre, il n'est pas question dans ce thriller de mangeuse d'homme, tout au moins pas au sens propre. En psychologie, le "cannibalisme" désigne un syndrome narcissique extrême, un désir de possession de l'autre (parent, ami·e) excessif pouvant conduire au meurtre quand la relation n'est plus exclusive. Le personnage de Roxane est le point fort de cette enquête. L'adolescente, "qui n'avait en tête que de vampiriser les autres", est terrifiante car particulièrement manipulatrice et mauvaise. On se demande même pendant un temps si elle n'a pas de pouvoir surnaturel tant son plan est machiavélique et habilement exécuté!
En dehors de cette "victime pas ordinaire", le roman ne m'a guère accrochée. L'écriture manque de dynamisme, les dialogues sont trop longs, l'enquête piétine. Après sa rencontre avec la psychologue, où il apprend l'obsession de Roxane pour les chaussures, il faut 70 pages au capitaine Marin pour faire le rapprochement avec la paire qu'elle portait quand on l'a retrouvée. La scène où la jeune fille l'agresse et le domine, lui policier aguerri, n'est pas crédible (même sous l'effet de la surprise). J'ai par ailleurs trouvé le personnage d'Olympe agaçant: toujours sur l'offensive, elle cache des éléments à son père sans qu'on y voit autre chose qu'une attitude d'adolescente butée. Quant à la fin, elle nous laisse en suspens avec une victime non retrouvée et une coupable toujours en liberté...
J'avais espéré un récit plus captivant, même si le roman est soigné et part d'une bonne idée.
Patricia Deschamps, novembre 2020