Camélia retourne à l’internat après deux mois de vacances. Celle qu’on appelait « Miss Bouboule » au collège est devenue une lycéenne bien dans sa peau. Elle va retrouver son amie Justine et la vie semble lui sourire. Mais c’est sans compter Valentine et sa clique qui vont la prendre en grippe. Et lorsqu’une simple photo est diffusée sur les réseaux sociaux, c’est la spirale du harcèlement qui emporte Camélia. Elle devient le souffre-douleur de tout l’internat…
(4e de couverture)
Mon avis :
Cette bande dessinée est une très bonne manière d'aborder le harcèlement, bien que j'ai trouvé son scénario classique et le dessin un peu vieillot, surtout dans la représentation des personnages. On comprend bien comment le mécanisme se met en place progressivement et insidieusement. Les différents chapitres sont introduits par la même image de Camélia que l'on voit se refermer sur elle-même au fil des mois ("Y'a pas grand monde qui me calcule") puis remonter la pente.
L'instigatrice de la situation est une certaine Valentine et sa "meute" ("Tous sur Camélia") qui va faire de la vie de Camélia un cauchemar à grand renfort de rumeurs, d'insultes et de circulation de photos sur les réseaux sociaux. Mais le harcèlement, ce ne sont pas que des meneurs, ce sont aussi des suiveurs, comme Justine la copine entre deux "camps" ("Pas évident pour elle de m'aider") qui finit par choisir le sien ("Faut pas trop qu'on nous voit ensemble").
J'ai aimé le personnage de Rayan, un "black-listé" lui aussi, qui fait ce qu'il peut pour rendre le sourire à Camélia. J'ai aussi trouvé touchantes les scènes où l'adolescente, de retour chez elle, se confie à son chat à défaut d'oser parler à ses parents ("Je fais semblant que tout va bien", "Ce serait trop dur pour maman").
Par contre j'ai trouvé dommage de présenter l'infirmière du lycée sous un angle aussi négatif ("Mais bon, si on appelle tes parents à chaque fois que tu tournes de l'oeil!"). De même l'accusation de dealeuse et la convocation par la police m'ont semblé excessives, bien que ce soit l'élément déclencheur de la parole.
Le carnet à la fin de l'album est très bien conçu. On y apprend que l'une des scénaristes, Nora Fraisse, a créé l'association "Marion la main tendue" suite au suicide de sa fille victime de harcèlement. Le thème est balayé sous forme de questions réponses, avec des illustrations issues de la BD. Ce carnet fait le point sur les signes qui doivent alerter et surtout, comment y réagir.
Patricia Deschamps, mai 2022