Notre rapport à l'hygiène est, en grande partie, une affaire de culture.
Savais-tu que Napoléon veillait particulièrement à son hygiène dentaire ? Pourquoi la chasse d'eau fait-elle partie des inventions les plus importantes ? Comment se lavent les astronautes ? Le maquillage peut-il tuer ? Voici un condensé des mœurs, des découvertes et des inventions liées à la saleté et à l'hygiène, illustré avec humour.
(4e de couverture)
Mon avis :
C'est un bel album grand format, richement illustré, avec de magnifiques dessins en pleine voire double page.
Le premier chapitre est consacré aux expressions liées à l'hygiène, qui reflètent l'importance que nous y accordons. Puis débute l'histoire du soin corporel sous l'Antiquité, avec les savons et onguents des Égyptiens, les thermes romains (également inventeurs des conduites d'eaux propres et usées), ainsi que les hammams des musulmans, où l'on aime s'occuper de soi et se faire propre. Tout le contraire du Moyen Age chrétien! A l'époque "le monde spirituel prévalait sur le monde matériel" et le bain était considéré comme un plaisir superflu.
Le texte est dense, bien que facile à lire, alors chacun décidera de piocher les informations en fonction de ce qui l'intéresse (et de ce qu'iel connaît déjà), ou bien de retracer toute cette histoire passionnante. Le livre fourmille d'anecdotes, sur les cheveux et les poils par exemple, ou encore la question de la pudeur et de la nudité, variables d'une époque et d'une culture à l'autre. On apprend que la notion de purification est différente en fonction des religions, et qu'elle n'a parfois pas grand chose à voir avec se laver! De même, "pour un aristocrate français au XVIIe siècle, être propre signifiait... changer de chemise!". Maquillage recherché, perruques exubérantes et tenues luxueuses masquaient parfois la plus grande crasse, la puanteur et la maladie...
Les auteurs abordent également la propreté dans les villes et l'histoire des toilettes, publiques comme domestiques (et de l'essuie-fesses). J'ai trouvé très drôles les illustrations de personnages variés assis sur leur siège percé, pot de chambre et autre urinoir! L'action de déféquer n'a pas toujours été une affaire privée: "A Rome, les gens étaient assis en rang sur un long banc de pierre percé, et ça ne gênait personne"! De même, "voir le Roi-Soleil faire sa royale crotte était un grand privilège"!
On voit ainsi que l'évolution de l'hygiène est liée aux croyances, à la perception du corps et de la santé. Et aujourd'hui alors? "Certains se lavent toujours sans savon", d'autres font encore leurs besoins dans la nature faute d'installations existantes (en Inde, par exemple)... Quant aux astronautes de la Station spatiale internationale, ils doivent se débrouiller autrement!
Le livre se clôt sur un curieux rappel: notre corps est couvert de milliers de bactéries... dont certaines contribuent à protéger notre organisme. Autrement dit, relativisons: "L'important est de trouver le juste milieu. Il faut veiller à son hygiène, mais sans excès!".
Patricia Deschamps, novembre 2023