Brainless

de Jérôme NOIREZ

Personne n'a oublié la date du 21 novembre 2014, la tuerie du lycée de Vermillion, la pire tuerie scolaire de l'histoire des Etats-Unis.

J'y étais. J'ai vécu ça de l'intérieur.

Gulf stream, 2015, 249 p. (Electrogène)
Gulf stream, 2015, 249 p. (Electrogène)

Aujourd'hui, Jason fait sa rentrée en seconde au lycée de Vermillion. Tout le monde est surpris de le voir : on le croyait mort ! Ne s'est-il pas étouffé en participant au concours du plus gros mangeur de maïs ?


En réalité, Jason est bien mort... mais il s'est réveillé une heure plus tard ! Syndrome de Coma Homéostatique Juvénile, a dit le médecin. Autrement dit, comme 432 autres jeunes Américains, Jason est un... zombie.


Désormais, Jason ne respire plus, son cœur ne bat plus, et son corps est froid. Il doit se nourrir de viande crue et se faire des injections de formol pour éviter la décomposition. Il doit aussi lutter contre les pertes de la mémoire et de ses capacités de réflexion. Déjà qu'il n'avait pas grand chose dans la cervelle... Bref, il faut essayer de "vivre comme avant, ou du moins faire semblant"...

Mon avis :

Beaucoup d'humour dans ce roman truculent qui nous place dans la peau d'un mort-vivant !

Je connaissais Jérôme Noirez par ses romans dans la collection "Courants noirs" (chez Gulf stream), et j'ai été surprise de le voir se lancer dans le genre horrifique. Mais il fait ça très bien ! On retrouve son style si prompt à créer une ambiance, et surtout, il nous offre une peinture désabusée des jeunes Américains particulièrement drôle !

Tout commence avec le personnage principal, gentil crétin fan de films d'horreur (Jason est le prénom du tueur dans Vendredi 13) qui devient le héros de sa propre histoire de morts-vivants. Déjà surnommé "Brainless" ("sans cervelle") de son vivant, il ne semble guère différent aux yeux des autres depuis qu'il est mort. Le roman alterne entre un récit à la 3e personne et ses confidences à la 1ère. C'est leur complémentarité qui nous fait découvrir ce qui arrive à ce pauvre Jason et ce qu'il peut ressentir.

Autour de lui gravitent une mère dépressive, un obèse voyeur, une peste superficielle, un proviseur haineux, une gothique mystique, un quaterback frimeur, et surtout deux ados (Jim et Tony) qui, derrière leur sage allure, cachent une fascination morbide pour les armes automatiques... Si l'on se demande longtemps où l'auteur souhaite nous mener dans cette intrigue plutôt lente, on devine, lorsque ces deux-là entrent en scène, qu'ils ne sont pas étrangers à la tuerie annoncée en prologue.

Car à la différence de leurs camarades, ils ont des opinions à revendiquer, Jim et Tony : "Ce pays n'a plus ni morale ni principes (...). Faudra bientôt s'excuser d'être blanc et hétéro, d'être chrétien, d'être américain." Des propos abjects, mais au moins ont-ils le mérite d'exister. Les autres jeunes, en effet, ne sont que des esprits vides incapables de la moindre réflexion ni même d'une ombre de projet, à part draguer et s'engourdir encore plus le cerveau à grand renfort d'alcool et d’ecstasy... En réalité, les véritables zombies, ce sont eux.

Quant au final, il est tout simplement explosif ! La dernière ligne droite, minutée avec précision, est une enfilade d'actions et de scènes qui rivalisent d'atrocité, même si on n'échappe pas au happy end sentimental. 

Un excellent roman d'horreur teinté d'humour, véritable satire de la jeunesse américaine, autour d'un héros zombie (et vice-versa) attachant - oui oui, c'est possible, mais prenez garde tout de même à votre cervelle !.. Et n'hésitez pas à écouter la Bande son du roman sur le site de l'auteur pour vous mettre dans l'ambiance !

Septembre 2015

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