God bless the child that's got his own.
(Dieu bénisse l'enfant qui se débrouille.)
Baltimore, 1924.
Petite fille noire dans une Amérique raciste, Eleanora évolue dans la rue depuis qu'elle a plaqué l'école, préférant se rendre utile à sa mère plutôt que d'écouter les leçons de Miss Jackson. Arrogante et rebelle, Eleanora a du caractère, et se débrouille plutôt bien, entre petits boulots et menus larcins, avec l'aide de son copain Eliot.
Pour tenir, elle s'accroche à ses rêves de gamine : un jour, elle sera aussi élégante que ces dames qu'elle croise parfois ! Et surtout, elle retrouvera son père, un musicien parti chercher la gloire à New York.
Le monde de la musique, Eliot connaît. Il l'entraîne souvent à Fell's Point, où l'on peut écouter des orchestres de jazz, et aussi chez le vieux Buck, qui tient une boutique d'instruments et le laisse parfois jouer du saxo. Mais c'est le jour où elle entend Louis Armstrong sur un gramophone que tout bascule : envoûtée par la musique, Eleanora se met à chanter. Et se découvre une voix.
Mon avis :
Voici l'histoire vraie de la chanteuse de jazz Billie Holiday, et il est impératif d'écouter ses plus grands morceaux pour se mettre dans l'ambiance ! Adoptant le phrasé "nègre" de l'héroïne, l'auteur fait revivre cette période des Etats-Unis avec talent, retraçant le parcours chaotique de la belle prodige.
Rien n'est épargné à Eleanora : la misère et les humiliations quotidiennes, les vols qui la conduisent en maison de redressement et même la prostitution qui lui vaut la prison. Mais la jeune fille n'a pas froid aux yeux, au contraire elle sait se battre, y compris dans le sens littéral du mot !
J'aurais juste aimé que l'auteur détaille davantage son attirance pour la musique dans la première partie du récit qui ressemble trop à la biographie de n'importe quelle petite Noire dans une Amérique ségrégationniste (mais c'est peut-être là son intention). La musique n'apparaît que par touches, presque par hasard, et toujours de manière ponctuelle dans la vie si chaotique de l'héroïne.
L'histoire reste dans l'ensemble très agréable à lire, elle nous mène jusqu'aux dix-huit ans d'Eleonora lorsqu'elle enregistre son premier disque pour la Columbia et devient officiellement Billie Holiday - et c'est avec plaisir qu'on lirait une suite sur la carrière de la chanteuse !
Patricia Deschamps, juin 2014
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