C'est une histoire pas belle, une histoire d'amitié brisée, de sous mal gagnés, de morts...
Paris, 1920. Des poilus se font assassiner les uns après les autres. Un point commun : ils faisaient tous partie du régiment de Victor, un déserteur, condamné à mort pour insubordination. Ce dernier est donc le coupable idéal pour l’état et les forces de l’ordre. Son frère Balto, 14 ans, «gagne-petit de la cambriole», vit dans la Zone, un bidonville fait de baraques misérables bricolées de rebuts qui entoure Paris.
Persuadé de l'innocence de son frère, Balto va devoir enquêter. Une jeune journaliste, Emilienne Robinson, rencontrée sur une scène de crime, décide de lui prêter main forte...
Mon avis :
Une enquête sur fond de Grande Guerre, c'est original. Cela permet à l'auteur d'évoquer plusieurs thématiques liées au conflit sans s'y étendre plus que nécessaire (l'enfer du front, la solidarité entre soldats, le ras-le-bol des permissions refusées qui mène à l'insubordination, mais aussi tout l'après-guerre avec la difficulté à reprendre une vie normale), tout en développant une intrigue à suspens.
Si la reconstitution de l'époque est réussie (jusqu'à l'argot de Balto, un peu lourd selon moi), j'ai trouvé que l'enquête avait du mal à décoller, tout au moins dans la première partie. Les deux héros sont constamment en cavale, soit qu'ils soient pistés par "les poulets", soit qu'ils soient à la recherche de témoins plus ou moins volatiles, et au bout d'un moment c'est répétitif. On ne sait rien d'Emilienne et ce n'est que lorsqu'elle raconte enfin son histoire (liée à l'intrigue) que le personnage prend de l'épaisseur.
Si j'aurais aimé que les indices soient délivrés de manière plus fluide et régulière, le secret des Valets de cœur (dans la veine de L'or et la boue de Christophe Lambert) est bien trouvé tout comme le mobile du meurtrier, tout deux insoupçonnables.
Patricia Deschamps, novembre 2021