"Séparer les rêves et la vie, c'est renoncer à changer les choses. Tu comprends ? On ne peut pas se contenter de baisser les bras en rêvant aux contes de fées..."
Pas simple de développer un sport inconnu dans un pays en proie à la guerre, au terrorisme et au fanatisme comme l'Afghanistan ! Et pourtant Farrukh l'a fait : à quinze ans, il a monté une équipe d'aviron avec son meilleur ami Sohrab, s'est procuré un bateau neuf par l'intermédiaire d'une jeune Française, Maude, et il a modernisé les entraînements en vue des prochains Jeux olympiques !
Mais un obstacle de taille va venir bouleverser son beau projet... Farrukh vient d'avoir ses règles ! Eh oui : il est en réalité une bacha posh, une fille élevée en secret comme un garçon dans les familles où il n'y en a pas, afin de faciliter l'organisation quotidienne telle que les courses, le travail et les sorties. Redevenue Farrukhzad à cause de la puberté, la jeune fille se voit interdire toutes les activités qu'elle aimait... car dans ce pays, les femmes sont cantonnées à la cuisine, au ménage et au service des hommes...
Mon avis :
Quel roman génial et riche en émotions !
Dans la première partie, centrée sur le club d'aviron, on partage l'enthousiasme des huit sportifs qui s'entraînent sans relâche sur un lac avec leurs modestes moyens, et on apprend plein de petits détails techniques sur cette discipline rigoureuse. La condition de la femme afghane est également amorcée à travers le personnage de Maude, la jeune Française dont l'équipe refuse les conseils professionnels simplement à cause de son sexe. Maude est une battante, et le courage qu'elle affiche en fait un rôle primordial dans l'avancée de l'intrigue.
La seconde partie est beaucoup plus sombre, puisqu'on y retrouve une Farrukhzad effondrée qui préfère mourir plutôt que renoncer à sa liberté et suivre la voie qu'on lui trace. Sa
famille, ignoble, la met brutalement devant le fait accompli sans chercher à la consoler, et encore moins assumer les droits qu'elle lui octroyait la veille encore en tant que garçon. Tout n'est
que honte et secret, en-dehors de la maisonnée personne ne doit deviner le subterfuge, Farrukh n'existe plus ! C'est dans cette partie plus intimiste que Farrukhzad entame l'écriture d'un journal
intime dont les extraits alternent avec la narration. Elle y écrit au masculin, bien déterminée à se battre, puisant sa force dans celle de Maude.
Bacha posh propose une histoire originale autour d'un thème fort et d'une héroïne touchante. A lire d'urgence !
Patricia Deschamps, octobre 2013