Propriété des Keller, dans l'Alabama, vers 1887. Depuis qu'elle a contracté une maladie, la petite Helen est sourde et aveugle. Annie Sullivan, elle-même malvoyante, a été engagée pour l'éduquer.
Mais la petite fille donne bien du fil à retordre à sa préceptrice ! Enfant gâtée à qui les parents cèdent tout, Helen est une sauvageonne qui n'a jamais appris l'obéissance ni la discipline. De plus, elle ne supporte aucun contact...
Une lutte commence alors entre l'enfant et la jeune femme : Annie veut enseigner à Helen une variante tactile de la langue des signes afin qu'elle apprenne à communiquer - "Tu l'épelles, tu l'obtiens."
Mais la fillette est coriace et Annie peu soutenue par les parents... Et puis comment faire pour que la petite aveugle saisisse la notion de langage ?
Mon avis :
Je connaissais déjà l'histoire d'Helen Keller pour avoir lu le roman jeunesse de Lorena Hickok il y a quelques années. Cette BD m'a semblé une adaptation fidèle de la biographie de la petite aveugle. Le graphisme n'est pas terrible et l'album un peu long mais la construction du scénario, qui alterne intrigue présente et flashbacks sur l'enfance d'Annie, tout en intégrant des extraits de lettres de celle-ci à son mentor Mr Anagnos et des notes en fin d'ouvrage, offre une histoire prenante et une vision d'ensemble très complète.
Les premières pages nous immergent d'emblée dans le monde étroit et obscur d'Helen par une série de vignettes sombres à peine ébauchées. Univers intérieur que l'on voit s'enrichir au fur et à mesure que la fillette développe son vocabulaire. Malgré les rebuffades, Annie lui offre toute la patience et le dévouement dont Mr Anagnos, le directeur de l'institut Perkins pour les aveugles , a lui-même fait preuve envers elle. Car Helen ressemble fortement à l'orpheline caractérielle qu'Annie a également été !
Les retours en arrière nous en apprennent davantage sur l'enfance malheureuse d'Annie, qui a notamment passé quatre ans dans un hospice insalubre avec son frère tuberculeux. Ceux-ci nous éclairent sur son attitude actuelle, dans sa relation avec la petite aveugle (elle-même a failli perdre la vue) et aussi envers les gens en général. Et la mentalité arriérée de l'Alabama, surtout concernant la place de la femme à la maison et dans la société, n'arrange pas les choses !
Mais ce qui ressort avant tout chez Annie comme chez Helen, c'est un profond sentiment de solitude... Solitude qu'elles atténueront au contact l'une de l'autre mais sans véritablement la combler. Annie consacrera sa vie à Helen, lui faisant faire des progrès impressionnants, mais au sacrifice de son bien-être personnel...
Une histoire touchante de part et d'autre !
Patricia Deschamps, octobre 2014