Il existe très peu de documents relatifs à Anne, la plus jeune des sœurs Brontë, auteure des romans Agnes Grey et La locataire de Wildfell Hall. Seulement cinq lettres de la main d’Anne sont parvenues jusqu’à nous, alors que nous savons qu’elle en a écrites des centaines, ainsi que de nombreux poèmes et un journal intime. Dans la volumineuse correspondance que sa sœur Charlotte a rédigée à ses amies, elle ne fit que très rarement mention d’Anne.
Quelques commentaires nous permettent cependant de dresser les grandes lignes de sa personnalité. La plus jolie et la plus gracieuse des trois sœurs Brontë souffrait vraisemblablement d’asthme chronique. Exerçant le métier de gouvernante, elle aimait beaucoup les enfants mais ne connut jamais la maternité. Tout au long de sa vie, Anne lutta contre l’attitude protectrice et parfois condescendante de son frère Branwell et de ses sœurs à son égard.
Anne est décédée en 1849 à Scarborough, en présence de Charlotte et d’Ellen Nussey. Elle avait 29 ans et souffrait de tuberculose.
Source : https://soeursbronte.wordpress.com/
Angleterre, XIXe siècle.
Agnes Grey est une jeune fille de 18 ans issue d'une famille modeste mais heureuse. Pour pouvoir aider financièrement ses parents et sa sœur, elle devient gouvernante pour le compte de la riche famille Bloomfield. Courageuse, pleine de bonne volonté mais naïve, Agnes va faire de son mieux pour aider à l'éducation des enfants mais va vite déchanter tant ceux-ci se montrent ingérables.
Ne pouvant se faire respecter par ces insupportables enfants gâtés et considérée presque comme une domestique par leurs parents, Agnes sera renvoyée au bout de quelques mois.
Elle trouve un nouvel emploi chez la toute aussi aisée famille Murray mais l'expérience va se révéler tout aussi pénible. Cependant, l'arrivée d'un nouveau pasteur au village va bouleverser sa vie...
L'avis de Fabien, bibliothécaire :
Paru en 1847, tout comme Les hauts de Hurlevent et Jane Eyre (respectivement signés par Emily et Charlotte Brontë), Agnes Grey passe pour être le moins réussi des trois et Anne pour la moins douée des sœurs Brontë. C'est un peu injuste car s'il est indéniablement moins fort que les deux chefs-d'oeuvre sus-cités, il possède néanmoins de réelles qualités. A commencer par ce style très anglais inimitable un peu désuet mais qui enchante toujours les lecteurs d'aujourd'hui. C'est surtout grâce à lui qu'il est impossible de s'ennuyer même lorsque l'action patine un peu et que les descriptions se font un peu longues. Car contrairement à Hurlevent ou Jane Eyre, il ne se passe pas énormément de choses dans la vie de notre gouvernante.
D'ailleurs ma principale réserve concerne justement le personnage principal auquel on a du mal à s'attacher. Trop naïve, trop vertueuse et pour tout dire un peu fade, Agnes manque un peu trop de nuances pour vraiment passionner (un sentiment encore renforcé quand on se remémore les tourmentées Catherine Earnshaw et Jane Eyre, autres héroïnes Brontéiennes autrement plus fascinantes. C'est injuste bien sûr mais impossible de ne pas y penser). Par contre, les familles bourgeoises chez qui notre héroïne a le malheur d'exercer sont terrifiantes de cruauté, de bêtise et d'immoralité. L'auteur s'est attachée à les rendre les plus antipathiques possible et c'est parfaitement réussi. Sachant qu'Anne Brontë a elle-même été gouvernante, on se demande quelle est la part d'autobiographie présente dans le roman. Tout cela est bien sûr assez manichéen et très moralisateur mais curieusement ça n'alourdit pas trop le texte.
Malgré ces quelques réserves, Agnes Grey reste un roman très agréable à lire et son charme est indéniable.
Juin 2016