Une petite ville de la banlieue parisienne en 1973. Solweig fait sa rentrée en seconde et cette année s’annonce particulière : son ami Valentin n’est pas dans son lycée mais apprenti mécanicien, ses parents ont divorcé et sa meilleure amie Julie est obsédée par le sexe.
Solweig, elle, ne se sent pas encore prête. Elle tente de trouver un équilibre entre ses deux foyers et sa relation avec Valentin. Il y a aussi son oncle Dédé dont sa mère assure la tutelle.
Chronique touchante d'une époque - celle des vinyles, des VHS et des cabines téléphoniques - ce roman raconte néanmoins une histoire d'adolescence éternelle.
Mon avis :
Certes le roman se déroule dans les années 1970 mais il n'est en rien "daté": les questionnements qui traversent l'héroïne, son mal être, son envie de "se tirer loin de cette région toxique" ont un côté atemporel qui pourrait tout aussi bien concerner une adolescente de notre époque.
Solweig s'interroge sur ses relations avec Valentin son (petit) ami, sur les relations de couple en général (ses parents divorcés, son père et sa nouvelle copine plus jeune), sur les premières relations sexuelles, sur l'avenir, sur la mort. Les sentiments sonnent juste, le style est fluide, l'écriture addictive, et l'on se laisse porter par le récit et les émotions. Les personnages sont beaucoup plus subtils qu'il n'y paraît au premier abord. Valentin a l'air un peu paumé mais en réalité il a "peur de faire les mauvais choix" et "ressembler un jour à son père le hantait". Dolorès, sa belle-mère à peine plus âgée qu'elle, est loin d'être aussi superficielle qu'elle veut bien le laisser croire: cette "femme lisse et indéchiffrable jouait un rôle". Le professeur d'histoire, plus familier qu'on ne pourrait s'autoriser à le faire de nos jours (pour le coup), vit "dans une grande solitude".
Et au centre de ce petit monde, il y a Solweig qui observe, un peu perdue, un peu inquiète: "Tout me paraissait si volatil, si instable et incertain". Autour d'elle, "les uns et les autres n'avaient aucune espèce d'idée de la direction à donner à leur existence" alors elle a peur de l'avenir ("je me heurte au futur comme à un mur"). 1973-74, c'est le choc pétrolier, la crise, le chômage - ça n'a pas tellement changé, non? Alors on peut se demander pourquoi l'auteur a décidé de planter son intrigue à cette période. Ceux qui l'ont connue apprécieront les clins d’œil, discrets, les mobylettes, l'absence de téléphone, les répétitions dans le garage. Une certaine forme d'insouciance et de liberté (de mouvement), malgré tout. Les jeunes d'aujourd'hui comprendront que de génération en génération, les doutes restent les mêmes, que leurs parents ont vécu autrefois ce qu'ils ressentent aujourd'hui.
J'ai beaucoup aimé le titre du dernier chapitre: "etc." Tout est dit: ce récit est un bout de vie, un instantané, et même si on a quelques indications sur les années qui suivront, on ne connaîtra pas tous les choix de Solweig. Mais une chose est sûre: elle a survécu à son adolescence.
Patricia Deschamps, août 2020
L'avis d'Anaïs, 15 ans :