A quoi tu ressembles ?

roman de Magali WIENER

- Sélection du Prix des Lecteurs en Seine 2019 -

Ils sont une bande d’une dizaine d’ados, tous élèves d’une même classe. En douze chapitres, chacun vient sur la scène nous raconter une histoire vécue. Comment fait-on pour traverser l’adolescence et se projeter dans le futur lorsque les adultes sont trop défaillants ? Quel métier choisir, comment vivre son corps en pleine transformation, nouer sa première relation amoureuse ?

Il y a Théo, fils du proviseur, qui tente de cacher le métier de son père au nouveau prof principal. Mario, qui découvre par hasard que son père a tourné dans un film porno dans sa jeunesse. Mika, dont le père est accusé de la mort d’un agresseur, sous ses yeux…

Mon avis :

Douze nouvelles à chute autour de problématiques adolescentes.

Théo, Mario, Yohan et les autres nous proposent chacun un instant de vie dans lequel ils évoquent leur préoccupation du moment. Difficile d'entrer dans les détails sans trop en dévoiler, mais globalement, ce sont les relations avec les adultes (parents, professeurs) qui reviennent le plus souvent. Le dialogue semble compliqué, soit que le jeune ait l'impression que "on ne parlait pas la même langue" ("Je ne sais pas quoi répondre à un adulte"), soit qu'il refuse "de le faire entrer dans mon espace". Le plus intéressant reste néanmoins les thèmes évoqués en filigrane, tels que la discrimination sociale (les quartiers ghettos, les préjugés liés à la profession), le rapport à la nature (le père photographe de "Quand on parle du loup") et le pouvoir manipulateur des médias (les jeux télé qui font passer les participants pour des animaux de foire, les informations déformées pour être plus sensationnelles).

Malgré tout l'ensemble sonne un peu creux. Paradoxalement, les récits sont trop condensés pour être efficaces. Les personnages restent superficiels et le final, soit surfait, soit abrupt, et l'on se demande souvent où l'auteur voulait en venir. Un livre qui, je pense, s'oublie aussi vite qu'on l'a lu.

Patricia Deschamps, septembre 2018