Sacha, douze ans, et Jacob, son petit frère, sont à la fois surpris et très contents de partir en vacances avant la fin de l’année scolaire. D’autant qu’ils auront la chance de séjourner dans la pension de leur oncle Jean, un manoir breton au bord de la mer !
Une fois sur place, ce n’est pas tout à fait la colonie qu’ils s’imaginaient : les pensionnaires sont de drôles d’adultes qui se prennent pour Victor Hugo, Louis XIV, Néfertiti… Mais les garçons ne s’y ennuient pas une minute : le manoir est plein de secrets sur lesquels enquêter. Qui fait ces bruits étranges dans le grenier ? Et que sont ces mystérieux loups qui rôdent dans les parages ?
Texte : 4e de couverture
Mon avis :
Toute l'astuce de cette intrigue réside dans l'époque, au départ non précisée, dans laquelle l'histoire se déroule. Le roman démarre à Paris, où l'on fait la connaissance de Sacha et sa famille. Les parents, artistes doreurs, gagnent modestement leur vie et leur fils aîné souffre de cette pauvreté qui les oblige à vivre très modestement et lui vaut les moqueries voire le rejet de ses camarades de classe le traitant volontiers de "pouilleux". Puis arrive le départ précipité pour la Bretagne, dans le manoir un peu hors du temps de l'oncle Jean, où l'on vit en autarcie, ne sort jamais, et qui abrite des pensionnaires aux troubles de la personnalité. Cependant ces derniers n'ont rien de dangereux, au contraire leurs réactions sont parfois très drôles, entre celui qui feule parce qu'il se prend pour Shere Khan et celle, surnommée Earl Grey, qui joue les théières ! Si l'on ajoute à cela les mystères autour du grenier interdit et des soi-disant loups qui rôdent, on obtient une atmosphère d'autrefois pétrie de croyances ancestrales. Cependant de menus détails intriguent : quelles sont les fameuses "affaires" de Jean qui l'obligent à s'absenter régulièrement ? Pourquoi les enfants n'ont-ils aucune nouvelle de leurs parents ? Pourquoi n'ont-ils pas le droit de sortir du domaine ?
C'est à mi-parcours que le voile se lève. La date des événements est révélée et tout prend sens. Cependant il semble peu crédible que du haut de ses douze ans, Sacha en sache aussi peu sur le contexte dans lequel il évolue : "Tu as vraiment grandi dans une bulle !", s'étonnent ses nouveaux amis Léandre et Eléanore. Certes le jeune garçon a des parents très protecteurs craignant pour sa vie, c'est justement la thématique principale de la seconde moitié du roman : "Il n'est plus un petit garçon et accepte difficilement que sa mère ne s'en aperçoive pas". Pire, Sacha va se révéler irresponsable, accumulant les bourdes mettant en péril tout son entourage parce qu'il cherche lui-même les réponses que les adultes refusent de lui apporter : "S'il avait conscience de la dangerosité de la situation, il ne réagirait pas comme un bébé !". Il devient d'ailleurs agaçant dans certains passages, faisant l'effet d'un "crétin pleurnichard". Heureusement la situation s'arrangera et Sacha développera des capacités d'entraide essentielles.
Ainsi on referme un livre un peu déstabilisant, où se sont côtoyés deux univers, deux atmosphères complètement différentes. L'idée n'est pas mauvaise mais son traitement peut surprendre. Par contre j'ai été touchée d'apprendre, dans les remerciements, que l'auteur s'est inspirée de sa propre histoire familiale !
Patricia Deschamps, août 2017
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