Ce garçon a une tête en forme de passoire, des doigts de fée et un cœur gros comme ça. On devrait réussir à en faire quelque chose.
Grégoire est un garçon de 13 ans qui a redoublé deux fois, son CE2 et sa sixième. Grégoire a toujours détesté l’école, il préfère bricoler avec son grand-père Léon dans son cagibi. Grégoire est très attaché à son grand-père qui le console quand il se fait disputer par ses parents à cause de ses mauvaises notes.
Mais le jour où Grégoire est renvoyé du collège, son grand-père se fâche : il ne veut plus aider son petit-fils, car il est temps selon lui que le jeune garçon arrête de se plaindre et qu’il prenne sa vie en main...
Mon avis :
Ce roman est devenu un incontournable de la littérature jeunesse et c'était un vrai plaisir de le relire !
Grégoire a été traumatisé par l'école dès le premier jour de maternelle ("Ça ne m'intéresse pas.") et depuis, tout ce qui s'y passe "c'est comme si c'était du chinois pour moi". Constamment en échec, il considère que "il ne vaut rien" parce qu'il est "toujours le dernier, toujours le gros débile de service". Sa détresse est extrêmement touchante.
Par contre lorsqu'il est avec son grand-père dans son cagibi, il est "le plus heureux au monde". Car il y a un domaine où Grégoire est "doué quand même" : c'est pour bricoler. Et ça aussi, c'est depuis tout petit. Sa maîtresse Marie, la seule de toute sa scolarité qui "ne me saquait pas", avait bien remarqué cette capacité à passer "des heures à mettre au point et à décorer" des objets de toutes sortes. D'ailleurs "elle disait qu'une journée réussie était une journée où l'on avait produit quelque chose". Au milieu des outils, Grégoire se sent enfin "un tout petit peu utile". Le cagibi est son "refuge" et Grand-Léon le seul qui le comprenne vraiment. Il sait trouver les bons mots ("Si tes parents se disputent, ce n'est pas à cause de toi."), adopter la bonne attitude, entre réconfort et exigence.
Alors quand son petit-fils passe de cancre à pitre et se fait renvoyer, Grand-Léon juge son comportement inadmissible : "C'est plus facile de se dire qu'on est nul et ne rien faire !". Il l'encourage à se battre au lieu de capituler : "Fais ce qu'il faut pour être heureux !". Il faudra cependant qu'un terrible événement survienne pour que la situation se débloque enfin. Réalisant que Grand-Léon "était la personne que j'aimais le plus au monde", Grégoire laisse exprimer cette affection profonde et émouvante, et décide de "le faire pour toi". Complices malgré la distance, grand-père et petit-fils vont se donner mutuellement la force de lutter. Et c'est un nouveau Grégoire qui ressortira de cette épreuve : "Déterminé. Teigneux. Inflexible."
Patricia Deschamps, février 2018